Résumé de la 2e partie n Anna, la bonne des Krantz, est enceinte de Georges, le fils Kholer, qui décide de la présenter à ses parents avant de l'épouser. Le fils Kholer a décidé de présenter Anna à ses parents. — Voilà bien la première fois qu'il décide quelque chose, celui-là, et bien entendu c'est une bêtise ! Anna est d'accord ? — Anna n'a pas très confiance en lui. D'après ce qu'elle m'a dit, il a déjà promis dix fois de l'emmener à Cologne et de la présenter à son père, mais il n'arrive pas à se décider. — Eh bien, nous allons l'y expédier pour une semaine de vacances ! Il sera bien obligé d'affronter le vieux Kholer, je vois ça d'ici ! — Et s'il l'épouse ? Je n'aurai plus de bonne ! Anna est faite pour ce métier, il est impensable de l'imaginer devenant Mme Kholer, héritière des houblons Kholer ! — Aucun danger, je connais trop les principes de ce vieux Théo. Il va tempêter, déshériter son fils, renvoyer la belle et tout rentrera dans l'ordre. Le garçon finira son stage chez papa et Anna rentrera chez nous. — Avec un bébé ? Tu n'y penses pas ! — Ma chère, les crèches sont faites pour ces gens-là ! A elle de prendre ses responsabilités mais, crois-moi, il faudra l'augmenter un peu si tu veux la garder.» Devant les juges, quelque temps plus tard, Ader Krantz et son épouse ne craindront pas de répéter cette conversation dont la teneur leur apparaît toujours comme raisonnable. C'est ainsi que Georges Kholer quitte la bonne ville de Kulmbach le 21 juin 1961 dans la voiture offerte par sa mère, en direction de Cologne et de son père. A-t-il pris réellement la décision ? Voici son récit : «J'ai retrouvé Anna à la gare centrale, elle avait bonne mine, elle était élégante et on ne voyait pas qu'elle était enceinte. A peine dans la voiture, elle a commencé à me supplier de l'emmener à Cologne. J'hésitais, j'avais peur de présenter à mes parents une bonne qui attendait un enfant de moi. Je voulais les préparer, y aller seul une première fois. Anna m'a accusé de chercher de mauvais prétextes. Ensuite, elle m'a dit que je roulais trop vite et a pris le volant. Elle était nerveuse, elle me disait : «Jette-toi contre un arbre, comme ça, on sera morts tous les deux et tu n'auras plus de décision à prendre ! Tout sera arrangé !» «Ensuite, on s'est arrêtés sur un parking et on s'est disputés. Elle voulait garder le volant pour aller à Cologne. Moi, je ne voulais pas. Elle est vraiment devenue hystérique, elle s'est mise à crier : «Alors, c'est comme ça ? C'est comme ça que vous vous conduisez chez les gens distingués ? Vous couchez avec la bonne et vous vous esquivez ! Tu n'es qu'un mufle et un enfant gâté. Ce que tu cherches, c'est à te débarrasser d'un marmot qui t'encombre. Eh bien, vas-y ! Conduis, emmène-moi où tu veux ! Fonce sur la route, écrase-nous contre un arbre, espèce de lâche !'» Selon Georges Kholer, ce sont les dernières paroles d'Anna. Après, il ne sait plus. Il parle d'un brouillard rouge dans sa tête. Ce serait donc dans ce brouillard rouge que Georges Kholer, héritier des houblons Kholer, aurait agi avec la précision que voici : Il y avait sur la boîte à gants de la voiture un élastique large et solide destiné à maintenir les cartes routières. Il a arraché cet élastique et a étranglé Anna. Ensuite, il a foncé sur l'autoroute jusqu'à un chemin forestier. Il s'est enfoncé le plus loin possible dans les bois pour y cacher le corps. Il a arraché les boutons de nacre de son veston à cause des empreintes d'Anna qui s'était agrippée à lui. (à suivre...)