Recours De nombreuses familles vivotant dans des régions abandonnées à la frontière Ouest n?arrivent à tenir que grâce à des réseaux de trafic en tous genres. Plus qu?un phénomène sécuritaire ou économique, la contrebande est devenue un fait de société, profondément lié aux conditions d?existence de ces populations abandonnées et éprouvées par des années de terrorisme et de privation. Un phénomène qui interpelle plusieurs autorités et différents secteurs pour qu?ils coordonnent leurs efforts et trouvent des solutions adéquates et efficaces. En effet, la barbarie terroriste a poussé des citoyens à fuir leur localité isolée, à laisser leurs biens pour chercher refuge, sécurité et emploi ailleurs, dans d?autres wilayas de l?extrême Ouest. Ces citoyens s?installent clandestinement dans des baraques et des maisons de pierres et de parpaing qu?ils bâtissent eux-mêmes. Des bidonvilles se sont alors développés. En raison du manque de moyens, se sont développés rapidement criminalité et trafic. Une situation très favorable à des criminels sans scrupules, qui trouvent que ces familles sont un terrain fertile où ils peuvent faire proliférer leurs opérations en toute quiétude. Les réseaux de contrebande et de trafic des stupéfiants profitent de cette détresse pour soumettre ces démunis à leur loi en leur fournissant un «gagne-pain», un travail qui leur permettra de rester en vie. La paupérisation de ces populations et le fort taux de chômage enregistré au niveau de ces zones frontalières sont également une conséquence du processus de privatisation des entreprises publiques. Cette dernière a entraîné le licenciement de centaines de travailleurs. Des pères de famille se sont ainsi retrouvés, du jour au lendemain, sans aucune ressource. Depuis cette tragédie, ils n?ont perçu aucune aide de la part des autorités concernées ni bénéficié d?un quelconque programme spécifique. Les autorités locales semblent ne pas s?intéresser à leur situation. Il faut dire que ces régions rurales, mises en quarantaine, souffrent énormément de l?absence d?investissements, car l?administration locale canalise tous ses projets et toutes ses activités au centre-ville. Ces couches vulnérables livrées à elles-mêmes, vivotant dans la misère, l?indigence et la privation les plus totales, n?ont pas souvent le choix, la contrebande devient ainsi leur source de revenus et de survie, même si elle reste un moyen d?enrichissement pour les criminels.