Selon des sources, cet ex-émir de l'AIS aurait bénéficié du dispositif de la réconciliation nationale. Selon le quotidien arabophone, Shark Al Awsat, citant des sources sécuritaires, Mokhtar Benmokhtar, émir et chef de l'AIS puis chef terroriste du Gspc au Sud, aurait bénéficié du dispositif de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Une nouvelle qui pourrait, à ne pas en douter, bouleverser les donnes du contexte sécuritaire au sud du pays, notamment dans la bande du Sahel, où ce mystérieux chef terroriste et contrebandier tissait des complicités, avec les réseaux de trafic en tout genre, armes comprises, grâce à ses liens de parenté avec certaines tribus touareg. Des négociations avec les services de sécurité avaient été entamées dès la promulgation du processus de paix avec Benmokhtar par le biais de sa famille, impliquant même le phénomène Hadj Bettou. Ce dernier aurait tenté en 2002 des relations avec Benmokhtar. En vain. Les pourparlers n'ont pas pu aboutir en raison des conditions posées par ce dernier, notamment la cession totale de toute poursuite judiciaire à son encontre ainsi que pour une quinzaine de ses proches collaborateurs aurait même exigé, pour lui et ses compagnons, des passeports avec de nouveaux noms et la possibilité d'avoir une résidence dans un autre pays arabe. Des conditions surréalistes rejetées par les services de sécurité, même si selon des sources très au fait du traitement sécuritaire, les négociations n'ont pas été totalement rompues. Entre-temps Benmokhtar persévérait dans ses trafics. Récemment, il avait tenté avec ses complices une transaction d'armes dans la wilaya d'El Oued aux limites des frontières algéro-lybiennes, fort heureusement avortée par les forces de sécurité. Le lot d'armement était destiné aux groupes terroristes du Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb Islamique, comme nous l'avons rapporté dans l'une de nos éditions précédentes. Mokhtar Benmokhtar, dit «le borgne», intéressait même les Américains qui ont tenté de le coincer, mais sans résultat vu la complicité dont il bénéficiait chez les tribus touareg, plus particulièrement au nord du Mali. C'est dans cette région qu'il aurait trouvé refuge après son différend avec le présumé numéro1 du Gspc, Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelwadoud. Ce dernier a pris les commandes de cette organisation criminelle par la force excluant ainsi de fait Benmokhtar qui croyait que les rênes de l'organisation criminelle lui revenaient de droit. Dans son parcours, Mokhtar Benmokhtar, originaire du Sud, agissait entre M'sila, Biskra et le M'Zab. Les Mozabites l'avaient renié pour ses actes criminels. Devenu brigand du désert, Mokhtar Benmokhtar investit dans la revente de véhicules volés, le trafic de cigarettes et l'émigration clandestine. Durant son règne il connaitra de graves différends avec Abderezzak El Para à cause du trafic de cigarettes. aurait même liquidé physiquement des émissaires de celui qui était devenu son rival. Sa reddition, si elle se confirme officiellement, aura certainement une grande influence sur la situation au niveau de la bande du Sahel, surtout que cette nouvelle intervient dans un contexte bien particulier. En effet, l'annonce de la reddition de Mokhtar Benmokhtar intervient juste après la récente réunion à Tamanrasset des états-majors militaires d'Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie où il a été question de dégager une stratégie de lutte commune contre le terrorisme et la criminalité. Mais, une question reste à poser: le fait que Mokhtar Benmokhtar ait bénéficié de la réconciliation nationale, ramènera-t-il la sécurité au niveau de cette région? Certainement ont indiqué des sources bien informées, surtout que les tribus touareg se sentent désormais concernées par la lutte contre les réseaux de la contrebande et le terrorisme après la médiation de l'Algérie pour trouver une issue au conflit malien.