Témoignages n L'autre résistance est l'intitulé du documentaire projeté, mercredi, à la salle Ibn Zeydoun (Riad-el-Feth), dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe». Réalisé par Rachid Nafir, le film fait le portrait de ces Français de France (Hélène Cuénat, Nicole Rein, Claude Vinci et Simon Blumental) qui, par conviction, faisaient partie des réseaux de soutien à la cause algérienne. On les appelait «les porteurs de valises». Chacun raconte – et avec beaucoup d'émotion – son militantisme et son appui inconditionnel à l'indépendance de l'Algérie. Ils racontent leur emprisonnement, leur évasion, leurs souffrances. Claude Vinci, pour qui la guerre d'Algérie était une horreur, a déserté les rangs de l'armée française. Hélène Cuénat, une fervente militante, chargée de faire passer les lettres et documents relatifs au FLN entre la France et Genève, a été emprisonnée. Nicole Reine, avocate au sein du collectif de défense du FLN, a apporté son témoignage sur les tortures que subissaient au quotidien les prisonniers algériens, notamment les défenseurs de la cause algérienne. Elle a fait l'objet de menaces de mort. Enfin, Simon Blumental, syndicaliste, s'est rappelé son adhésion à l'action politique pour crier haut et fort son soutien aux Algériens. Chacun se souvient de la guerre, de son engagement en faveur d'une Algérie libre et indépendante. Tous étaient, à l'époque, considérés comme des traîtres et étaient pourchassés par leur gouvernement. Ainsi, le film retrace avec des témoignages poignants la résistance française contre l'occupation de l'Algérie, car pour chacun, les pays colonisés, comme l'Algérie, avaient droit à l'indépendance. Ayant à son actif plusieurs films documentaires, Rachid Nafir, qui a longtemps travaillé pour la cinémathèque algérienne et qui, depuis 1997, travaille à la cinémathèque de Hambourg (Allemagne), dira : «Ce documentaire s'emploie à montrer l'autre face de la France, cette France qui a milité en faveur de la Révolution algérienne», ajoutant : « Le film parle d'hommes et de femmes dont on ne parle pas dans les livres d'histoire ou dans les manuels scolaires.» «Ce film rend hommage à ces militants que l'Histoire officielle de l'Algérie a oubliés ou ignorés. C'est par devoir de mémoire que j'ai réalisé ce documentaire», a-t-il souligné. Le réalisateur a, par ailleurs, déploré que ces militants français de France, ces amis de l'Algérie n'occupent pas la place qui leur est due dans l'Histoire de la Révolution algérienne. Il a également regretté que des pans de notre Histoire ne soient pas rendus publics, que le peuple algérien ignore certains chapitres relatifs à la guerre de libération, ne connaît rien de ces autres résistants qui ont contribué, eux aussi, et à leur manière, à l'aboutissement de l'indépendance. Enfin, Rachid Nafir a fait part de son souhait de voir ce film documentaire diffusé sur les chaînes de télévision algériennes. Il a indiqué, en outre, qu'il compte le proposer à des chaînes de télévision étrangères une fois qu'il aura introduit de nouveaux témoignages. Il est à regretter que le public ait été absent à la projection, que la salle ait été littéralement vide. Même la presse n'y était pas. Il convient également de souligner que le réalisateur n'a été informé de la date de la projection de son film qu'en dernière minute. Cette carence échoit au département audiovisuel du commissariat de «Alger, capitale de la culture arabe 2007» qui a failli à son devoir, celui de communiquer l'information et d'assurer à grande échelle la médiatisation du film.