Témoignages n Les âmes de l'exil, lauréat de l'Olivier d'or au 7e Festival du film amazigh (2007), a été projeté, hier, à la salle Ibn Zeydoun (Riad el-Feth), dans le cadre de la manifestation culturelle «Alger, capitale de la culture arabe». Réalisé par Saïd Nanache, le film, un documentaire, d'une durée de 52 minutes, raconte l'exil des hommes, à travers des images nostalgiques, montrant les mères kabyles, accablées par leur douleur, lors de la séparation d'avec l'être cher, mari ou fils. Ainsi, le réalisateur raconte l'exil, amer, déchirant, pénible. «Derrière chaque image, objet ou portrait, souffle le vent amer de l'exil», explique-t-il. «Il (le film) raconte un peuple attaché à ses traditions millénaires et asservi à sa terre d'où toujours remonte la pierre. Les départs tant attendus y sont des arrachements. Sous le regard des mères impuissantes, la nouvelle génération perpétue l'exemple des anciens qui se sont exilés pour un jour ou pour toujours. Cette fois-ci les filles font partie du voyage. Elles disent adieu au sang et à la terre kabyles. Un sujet, malheureusement, toujours d'actualité. Un regard pertinent sur la réalité algérienne», est noté dans le synopsis. Saïd Nanache parle de l'exil en commençant par mettre en scène les vieux, les vieilles puis il aborde l'exil à travers la nouvelle génération. L'ancienne génération apparaît à travers les femmes du village, des femmes racontant entre elles la vie de leur fils ou de leur mari. Un récit triste, douloureux. Elles racontent le récit de pères et de grands-pères absents. Ces femmes, selon le réalisateur, l'exil les a toujours habitées. Elles vivent un exil intérieur. Parce qu'elles sont restées en Kabylie. Elles ont vu, impuissantes, résignées, leur mari, leur fils partir pour certains à jamais, pour ne pas y revenir. Vient ensuite la nouvelle génération : de jeunes gens, mal dans leur peau, vivant un malaise existentiel très aigu, nourrissant l'envie, la nécessité de partir, de quitter leur village, leur pays, leur terre, donc leur famille. Une génération habitée par un exil intérieur. Même les filles veulent partir. Et souvent franchissent le pas. Pour le réalisateur, les jeunes Kabyles veulent, un jour ou l'autre, partir. C'est ancré en eux. Il est à souligner que l'exil, comme sujet cinématographique, a commencé à intéresser concrètement Saïd Nanache en 2000. Il ressentait la nécessité impérieuse de filmer quelques personnages sur le point de passer l'arme à gauche et ce, de peur de perdre leur témoignage en images. Il a frappé à toutes les portes, notamment le Centre national de la cinématographie (CNC) français pour financer son projet. Mais sans suite. Cela ne l'a toutefois pas découragé. Il a pris l'initiative d'amorcer le film sans financement. Saïd Nanache a suivi des études de concepteur-réalisateur à l'Institut international de l'image et du son de Paris ainsi qu'à l'Ecole nationale Louis-Lumière de Paris. Il compte à son actif les films Algérie entre douleurs et liberté, tourné en 1998, American Sunday (Dimanche américain), en 2004. Il a également en projet un film de fiction.