Squat n Abandonnés depuis une dizaine d'années, certains des 232-logements APC-Cnep ont été occupés par des délinquants, des SDF et des ressortissants africains. «C'est la faute à l'Etat.» c'est par ces mots qu'un habitant de la cité des 232-logements à Dely Ibrahim a voulu résumer la situation des cinq bâtiments qui se dressent sans âme devant le sien. Ressemblant à tout sauf à un bâtiment où devraient vivre des êtres humains, ces blocs en béton ont été construits en 1997 et aucune explication nous a été donnée par les responsables de l'APC sur la vraie histoire de ces logements abandonnés. Certains ouvriers qui travaillaient sur le chantier ont profité de la situation pour y habiter et y ramener leurs familles. «Je n'ai pas de logement dans mon village et ayant remarqué que les bâtiments étaient abandonnés, je m'y suis installé», explique un père de famille, Mohamed, âgé de 42 ans, originaire de Sétif qui occupe un f3 sis au 3e étage dans l'un des bâtiments. L'ouvrier est ici depuis 4 ans avec sa femme et ses 4 enfants. Les pièces occupées par Mohamed sont un véritable enfer, «aucune fenêtre, pas de porte, pas de toilettes, rien… », se plaint-il. Des tapis en plastique sont étalés sur le sol «pour ne pas dormir carrément sur le béton et éviter à mes enfants d'attraper une maladie respiratoire à cause de la poussière de ciment ou un rhumatisme, car le béton est tout le temps frais surtout en hiver», s'indigne l'épouse de Mohamed, 32 ans. Dans le même bâtiment de la famille sétifienne, logent quatre autres familles, dans presque les mêmes conditions. Nourredine, un jeune ouvrier de Zéralda, a découvert les lieux il y a six mois. «J'étais à la recherche d'un boulot dans cette région quand ces immeubles ont attiré mon attention. Je me suis renseigné et les habitants du quartier m'ont expliqué qu'ils sont abandonnés. je les ai visités et j'ai découvert qu'il y avait des gens. Trois jours après, je me suis installé avec ma femme... », raconte-t-il. Les conditions de vie de ces familles sont infernales. «Pas d'eau, pas d'électricité, on est obligé, chaque jour, d'aller demander de l'eau aux voisins qui nous regardent d'un œil méprisant et refusent souvent de nous en donner», souligne Mohamed. Pour l'électricité, c'est l'obscurité totale. «Nous nous éclairons à la lumière de la bougie. Moi, j'ai acheté un petit poste radio pour écouter les informations, nous sommes coupés du monde», dit-il. En hiver c'est l'enfer, il y fait un froid polaire et l'eau pénètre dans les pièces et les inonde. Pour l'hygiène, les habitants du bâtiment ne trouvent aucune gêne ni honte, d'ailleurs, à jeter par la fenêtre leurs déchets organiques car aucune salle de bains ni toilettes n'ont été encore aménagées dans cet immeuble, achevé pourtant à 70%. Cette situation a mis les autres habitants du quartier dans l'embarras. Des odeurs insoutenables se dégagent durant cette saison de grandes chaleurs. Si Mohamed et Nourredine sont ici avec leur famille, à cause, comme ils racontent, de la crise du logement, d'autres individus représentent ici un véritable danger pour les habitants du quartier. Il s'agit de jeunes venus d'un peu partout, nul ne les connaît dans le quartier, ils se lèvent tôt le matin pour n'y revenir que tard dans la soirée. «Ils ne fréquentent personne et ont aménagé certains étages en habitations, en plaçant des portes en acier. Nous les voyons la nuit en train de ramener des choses avec eux. Et depuis leur arrivée ici nous avons été, à maintes reprises victimes de vol de voitures, de têtes de parabole et d'agression la nuit. Je ne suis pas en train de dire qu'il s'agit d'eux mais leur comportement est douteux», explique un jeune habitant du quartier.