Rappel des questions : 21 et 22. Quel fut le premier homme qui fit du vin, qui introduisit dans le monde l'usage d'en boire, de jouer des instruments de musique et d'attacher des peaux sur les tambours de Basques et autres choses semblables ? Le culte des idoles vint du roi Djemschîd. La cause en fut que Djemschîd était ce roi qui s'était emparé de la souveraineté de tout l'univers. Or, Djem signifie en langue persane une chose que rien ne surpasse en beauté. Partout où Djemschîd allait, l'éclat qui sortait de sa personne se réfléchissait sur les portes et sur les murailles. Il posséda l'empire pendant mille ans, et pendant ces mille ans, il ne fut pas, un seul instant, incommodé ou malade. Or, Djemschîd pensa en lui-même et dit : qui est semblable à moi ? Lorsque Iblîs eut connaissance de sa pensée et que cette parole lui eut frayé la route, il jeta dans son c?ur des tentations, de sorte que Djemschîd dit en lui-même : je ne suis point un homme, car j'ai régné pendant mille ans sans avoir aucun mal. Or, un jour, à l'heure de la sieste, cette tentation agitait son c?ur. Le diable descendit par la fenêtre et dit : je suis un ange venu du ciel, et il se tint debout devant Djemschîd. Djemschîd leva la tête et vit le diable. Il lui dit : pour quelle affaire es-tu venu ? Le diable lui répondit : on m'a envoyé du ciel devant toi. Djemschîd lui demanda : que savent de moi les anges du ciel ? Le diable poussa un profond soupir et dit : tu sais bien toi-même qui tu es. Djem lui demanda : qui suis-je ? Le diable répondit : tu es le dieu du ciel et de la terre et toutes ces créatures, c'est toi qui les as formées. Maintenant, je suis venu pour te dire de bien gouverner ce monde. Tous les anges espèrent en toi. Djemschîd demanda : quelle preuve y a-t-il que je sois le dieu du ciel et de la terre ? Iblîs répondit : la première preuve en est qu'aucune créature ne peut voir un ange et tu m'as vu face à face. La seconde preuve en est que ta vie est parvenue à mille ans, et dans cet espace de temps, tu n'as éprouvé ni peine, ni maladie, ni incommodité, et l'ennemi n'a jamais remporté la victoire sur toi. Djem lui dit : maintenant que faut-il que je fasse pour monter au ciel ? Iblîs répondit : il faut sortir, réunir tous les hommes, faire apporter mille charges de bois, ordonner qu'on y mette le feu, et tu diras à tous les hommes : je suis dieu : quiconque ne se pliera pas à ma volonté, je lebrûlerai dans ce feu. (à suivre...)