Les divertissements, ce sont aussi les distractions et surtout la musique. Dans l'oniromancie musulmane, la musique a plutôt mauvaise presse, non seulement en vertu du renversement des valeurs qui veut qu'une joie vue en rêve peut signifier le malheur, mais aussi en fonction des origines que les auteurs classiques donnent à la musique : une origine démoniaque, intimement liée à l'invention du vin. Ainsi dans la Chronique des Rois et des Prophètes, Tabari écrit à propos de l'origine de la musique : «Caïn, le fils d'Adam (assassin de son frère Abel), avait un grand nombre d'enfants, et parmi eux un jeune homme nommé Jubal, lequel aimait la gaieté. Iblis trompa ce jeune homme. Il lui fit prendre du raisin, et en fit du moût, auquel il ne toucha pas jusqu'à ce qu'il fût devenu amer. Il l'agita ensuite et le mit dans une cruche en verre. Il fit des flûtes, des luths, des cymbales et d'autres instruments. Lorsqu'il se mit à boire un peu de vin, il commença à sauter en l'air, à remuer les pieds et à se réjouir. Le diable revint sous la forme d'un vieillard et lui enseigna l'art de faire ces choses… Tous les enfants de Caïn regardèrent ce que faisait leur frère, ces actions leur devinrent agréables, ils les imitèrent et y prirent du plaisir. Ils commencèrent à boire du vin et à jouer des instruments et tous ces usages se propagèrent.» Il faut dire aussi, que dans les sociétés musulmanes classiques, la musique et le chant étaient surtout le fait des tavernes où se rassemblaient les chanteuses qui, telle Hababa, ont été magnifiées dans le fameux Kitab al Aghanî ou Livre des chanteurs.