Résumé de la 56e partie Aladdin invita la princesse Badroulboudour à danser et, ainsi, terminer les cérémonies de leurs noces. Le sultan répondit au vizir : «Je m'en souviens ; mais jamais je ne me fusse imaginé que ce palais fût une des merveilles du monde. Où en trouve-t-on dans tout l'univers de bâtis d'assises d'or et d'argent massif, au lieu d'assises de pierre ou de marbre, dont les croisées aient des jalousies jonchées de diamants, de rubis et d'émeraudes ? Jamais au monde il n'a été fait mention de chose semblable !» Le sultan voulut voir et admirer la beauté des vingt-quatre jalousies. En les comptant, il n'en trouva que vingt-trois qui fussent de la même richesse, et il fut dans un grand étonnement de ce que la vingt-quatrième était demeurée imparfaite. «Vizir, dit-il (car le grand vizir se faisait un devoir de ne pas l'abandonner), je suis surpris qu'un salon de cette magnificence soit demeuré imparfait par cet endroit. ? Sire, reprit le grand vizir, Aladdin apparemment a été pressé, et le temps lui a manqué pour rendre cette croisée semblable aux autres ; mais on peut croire qu'il a les pierreries nécessaires, et qu'au premier jour il y fera travailler.» Aladdin, qui avait quitté le sultan pour donner quelques ordres, vint le rejoindre sur ces entrefaites. «Mon fils, lui dit le sultan, voici le salon le plus digne d'être admiré de tous ceux qui sont au monde. Une seule chose me surprend : c'est de voir que cette jalousie soit demeurée imparfaite. Est-ce par oubli, ajouta-t-il, par négligence, ou parce que les ouvriers n'ont pas eu le temps de mettre la dernière main à un si beau morceau d'architecture ? ? Sire, répondit Aladdin, ce n'est par aucune de ces raisons que la jalousie est restée dans l'état que Votre Majesté la voit. La chose a été faite à dessein, et c'est par mon ordre que les ouvriers n'y ont pas touché : je voulais que Votre Majesté eût la gloire de faire achever ce salon et le palais en même temps. Je la supplie de vouloir bien agréer ma bonne intention, afin que je puisse me souvenir de la faveur et de la grâce que j'aurai reçues d'elle. ? Si vous l'avez fait dans cette intention, reprit le sultan, je vous en sais bon gré ; je vais dès l'heure même donner les ordres pour cela.» En effet, il ordonna qu'on fit venir les joailliers les mieux fournis de pierreries et les orfèvres les plus habiles de sa capitale. Le sultan cependant descendit du salon, et Aladdin le conduisit dans celui où il avait régalé la princesse Badroulboudour le jour des noces. La princesse arriva un moment après, qui reçut le sultan son père d'un air qui lui fit connaître avec plaisir combien elle était contente de son mariage. Deux tables se trouvèrent fournies des mets les plus délicieux et servies toutes en vaisselle d'or. Le sultan se mit à table à la première, et mangea avec la princesse sa fille, Aladdin et le grand vizir. Tous les seigneurs de la cour furent régalés à la seconde, qui était fort longue. Le sultan trouva les mets de bon goût, et il avoua que jamais il n'avait rien mangé de plus excellent. Il dit la même chose du vin, qui était, en effet, très délicieux. Ce qu'il admira davantage fut quatre grands buffets garnis et chargés à profusion de flacons, de bassins et de coupes d'or massif, le tout enrichi de pierreries. Il fut charmé aussi des ch?urs de musique qui étaient disposés dans le salon, pendant que les fanfares de trompettes, accompagnées de timbales et de tambours, retentissaient au-dehors à une distance proportionnée, pour en avoir tout l'agrément. (à suivre...)