Psychose n Maladie ancestrale, disparue sous d'autres cieux depuis des dizaines d'années, le choléra revient au sein de la population algérienne. Le choléra reste dans l'imaginaire collectif algérien comme une maladie très ancienne, souvent liée à un châtiment divin. «Allah yaâtik al koléra», Dieu fasse que tu aies le choléra», disaient nos vieilles mères à leurs enfants ingrats. Et donc le seul fait d'évoquer le nom de cette maladie crée la psychose parmi la population. L'Algérien, qui n'a pas vu cette épidémie depuis des dizaines et des dizaines d'années, et qu'il croyait révolue, l'a redécouverte dans les années 1990 et 2000. Des dizaines de cas ont été enregistrés. Les épidémies de Tiaret, de Tlemcen et d'autres régions de l'Algérie profonde en témoignent. Pourtant le procédé pour éviter cette maladie qui pourrait être fatale est simple. «Il suffit de faire bouillir l'eau ou de lui ajouter quelques gouttes d'eau de Javel pour éviter toute contamination. Ces deux méthodes sont très efficaces et à même d'éliminer toute trace de bactérie ou de microbe », souligne le Dr Oulmane. Ces «gestes» banals qui ne coûtent rien ne sont pas malheureusement, en 2007, connus par toute la population. Ou bien ils le sont, mais il y a un laisser-aller total de la part des gens. Le mécanisme de la transmission du choléra est très simple. «Il s'agit du mélange des excrétions humaines avec l'eau et par la suite la transmission se fait de l'homme à l'homme», banalise le Dr Oulmane. Selon ce mécanisme, les centres urbains des cités et des villages algériens sont des milieux propices pour la propagation de cette maladie. Les travaux publics, lorsqu'ils creusent avec leurs engins, touchent des conduites d'eau potable et ainsi l'eau usée s'infiltre dans la canalisation d'eau potable la rendant impropre à la consommation. C'est là l'une des premières causes. La pénurie d'eau pendant la saison estivale contraint aussi les habitants à aller la chercher dans des endroits non contrôlés. L'absence de plan de raccordement AEP, la vétusté des réseaux, les fuites non réparées, le rejet des unités industrielles qui poussent comme des champignons et qui ne font l'objet d'aucun contrôle, les branchements illicites sont aussi des facteurs directs de l'apparition de ces maladies. «Cette année, les risques de cette maladie sont plus élevés pour la simple raison que les précipitations tardives, les pluies du mois d'avril et de mai, ont formé des lacs et des retenues d'eau un peu partout dans le pays. Les enfants, en quête de fraîcheur, apprécient ces lieux et viennent s'y baigner. En outre, nos réseaux d'assainissement qui se déversent n'importe où sont un danger réel et favorisent l'apparition de ces épidémies», souligne encore le Dr Oulmane.