Séquelles n Un an après la fin de la guerre entre Israël et le Hizbollah, les villageois reconstruisent lentement leur vie même si l'aide promise par le gouvernement tarde à arriver. Cela fait un an que sa maison a été rasée par les bombes israéliennes. Depuis, Rasmiyé Mokdad a perdu espoir de retrouver un foyer, comme tant d'autres villageois du Liban sud déplacés par la guerre entre Israël et le Hezbollah qui a pris fin le 14 août 2006. " Il y a quatre mois, ils ont commencé la première phase de la reconstruction, mais je pense qu'il faudra encore un an avant qu'elle ne soit achevée ", regrette cette femme de 53 ans. " En attendant, je vis avec mes parents âgés dans des conditions dont même un chien ne voudrait pas ". Dans son village de Froun, à 75 kilomètres au sud-est de Beyrouth, environ 95 maisons sur 160 ont été détruites par les bombardements. Les moins endommagées ont pour l'essentiel été réparées. Mais les lenteurs bureaucratiques, aggravées par la crise politique au Liban, ainsi que les opérations de déminage freinent la reconstruction, et une partie des habitants n'a toujours pas de toit. Comme pour toutes les maisons détruites, le gouvernement a promis à Rasmiyé Mokdad une aide de 40.000 dollars, mais ne lui en a versé jusqu'à présent que la moitié. Le reste, lui dit-on, viendra plus tard. " J'avais ma dignité, ma maison, maintenant regardez-moi ", dit-elle en retenant ses larmes. " Je dois même sortir pour faire la vaisselle. Ce n'est pas une vie ". Sur les 2.000 habitants de Froun, quelques uns seulement sont rentrés depuis la fin de la guerre. Un inquiétant silence pèse sur le village, rompu seulement par le bourdonnement des bulldozers et les coups de marteau des ouvriers qui reconstruisent. Le long des routes de montagne sinueuses qui mènent au village, des banderoles vantent l'aide fournie par l'Iran pour reconstruire les routes, les écoles, les hôpitaux de la région. Dans le village de Yohmor, où de violents combats ont opposé les soldats israéliens au Hezbollah, les stigmates de la guerre sont toujours là et les démineurs continuent à nettoyer le sol truffé de sous-munitions. " Nous avons commencé à travailler ici depuis la fin de la guerre et depuis nous avons enlevé 6.500 sous-munitions, rien que dans le secteur de Yohmor ", explique Youssef Hayek, un responsable de l'équipe. " Dans un seul petit champ, nous en avons trouvé 400 ", ajoute-t-il, en espérant que les travaux seront achevés dans quatre mois. Mais c'est beaucoup trop pour des villageois comme Saada Mohammed Dirani, une femme de 53 ans dont la maison et le petit magasin ont été détruits et qui attendent toujours de pouvoir reconstruire leur vie. " Il y a trois semaines, ils ont commencé à jeter les fondations de la maison après avoir déblayé les décombres et déminé, mais il faudra du temps avant que je puisse m'y installer avec ma mère ", raconte-t-elle. Entre-temps, elle loue une partie de la maison de son frère et, jour après jour, surveille le chantier, où les ouvriers empilent une à une les briques qui deviendront sa nouvelle maison. Le Hezbollah lui a donné 10.000 dollars d'aide d'urgence après la guerre, en attendant les 40.000 dollars promis par le gouvernement. Mais c'est peu en regard de ce qu'elle a perdu...