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Ghaza, un cri de douleur à la face du monde
Une année après le massacre perpétré par Israël
Publié dans La Tribune le 29 - 12 - 2009

Le 27 décembre 2008, l'Etat d'Israël rompait une trêve durable avec le Hamas en larguant des milliers de tonnes de bombes sur des hommes, femmes, enfants, services publics, réseaux électriques et même sur des infrastructures des Nations unies. Les massacres sont sans précédent, commis devant les yeux du monde entier. L'agression a fait 1 450 morts. Parmi les tués, 439 enfants âgés de moins de 16 ans et 127 femmes, ainsi que 5 570 blessés. Depuis, un calme relatif règne dans la bande de Ghaza. En septembre dernier, la mission d'enquête du juge Richard Goldstone, mandaté par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, accuse Israël de «crimes de guerre», et de «crimes contre l'humanité». De son côté, Human Rights Watch (HRW) reproche à l'Etat hébreu de «n'avoir pas sanctionné les membres de leurs forces coupables d'avoir violé les lois de la guerre». HRW a également dénoncé le blocus qui «cause de grands besoins humanitaires et empêche la reconstruction». Cette dernière est pour l'heure entravée par cet embargo, imposé en juin 2007 par Israël et appliqué avec l'accord de l'Egypte.
Selon les Nations unies, quelque 6 400 habitations ont été détruites ou gravement endommagées dans un territoire étroit où vivent 1,5 million de personnes. Le 2 mars dernier, la «communauté internationale» avait promis près de 4,5 milliards de dollars pour reconstruire Ghaza. En raison de l'obstination israélienne, la promesse est restée en l'état. A Ghaza, de nombreux réfugiés vivent encore sous des tentes. «Au rythme actuel des autorisations de matériel de construction, il faudra 530 années pour reconstruire toutes les maisons détruites», a estimé le porte-parole de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA). De son côté, Oxfam international crie sa colère : «Israël n'a pas été seul à abandonner les gens de Ghaza. Les grandes puissances ont également abandonné, et même trahi, les Ghazaouis.» Ce petit territoire palestinien, visé avec une violence rare au moyen d'armes ultra-sophistiquées, survit miraculeusement. La situation est également dénoncée par Amnesty International, le Comité catholique français pour le développement, et Christian Aid. Ce blocus dure dans l'indifférence généralisée. Aux privations de gaz, d'eau et d'électricité infligées aux populations «avec des conséquences désastreuses sur la vie quotidienne et la santé publique» s'ajoutent des dégâts humains considérables. Aujourd'hui, ce sont 80% des Ghazaouis qui sont directement dépendants de l'aide extérieure.
Egypte : le mur de l'avilissement
Cependant, au moment où les ONG demandent l'arrêt du blocus israélien afin que les habitants de Ghaza puissent «reconstruire leurs vies qui ont été brisées» il est fait état de la volonté de resserrer l'étau autour du peuple martyre. Le régime égyptien décide d'ériger un mur d'acier souterrain pour empêcher les Palestiniens de construire des tunnels. La France apporte son assistance au Caire dans la «supervision du mur» du côté de la frontière égyptienne avec la bande de Ghaza. L'opération est qualifiée d'«historique» par un responsable du Renseignement militaire français. Les souterrains sont utilisés par les Ghazaouis pour faire passer les marchandises et contourner le blocus israélien. L'engagement français auprès de l'Egypte ressemble fort à un moyen détourné de soutenir Israël. Ce dernier édifie déjà une autre muraille de 700 km de long. Une barrière dont l'illégalité a été décrétée par la cour de justice de la Haye et les Nations unies.
Pour se dédouaner, le gouvernement égyptien invoque des impératifs de sécurité nationale. Mais il est clair que le but est d'étrangler davantage la population palestinienne dont la nourriture et les médicaments sont en partie tributaires du trafic souterrain entre Ghaza et l'Egypte. Pour l'opinion publique égyptienne, la fermeture du passage de Rafah est déjà insupportable au regard du rôle historique de l'Egypte.
La mise en place d'un mur d'acier anti-palestinien destiné à rendre encore plus imperméable l'encerclement criminel de Ghaza constitue un véritable affront à la population. Les agissements des gouvernants égyptiens sont devenus des sources d'humiliation pour le peuple égyptien. Ce dernier découvre une fois de plus que ce mur est symptomatique d'un Etat à souveraineté limitée. La réalité est davantage amère. Ce mur est une exigence israélienne, relayée par les Américains, et construit avec l'assistance technique des Occidentaux. Le Caire en est l'exécutant prévenant.
Galloway, l'homme libre
A mille lieues d'une Egypte qui a perdu son lustre en érigeant un mur de l'avilissement, c'est les hommes libres étrangers qui crient à la face du monde : «Halte à la trahison des Palestiniens !» George Galloway, homme politique britannique à la tête de la caravane «Viva Palestine», est de ceux-là. Refoulés par l'Égypte, les 500 membres du convoi allant vers Ghaza ont passé Noël sur un parking à Aqaba, attendant une éventuelle autorisation.
M. Galloway dira à Al Jazeera que «la dernière fois qu'un aussi grand nombre de ressortissants turcs, arabes et britanniques étaient réunis dans cette ville, c'était pour se battre les uns contre les autres durant la Première Guerre mondiale. Maintenant, ils se battent pour briser le siège imposé au peuple palestinien dans Ghaza». Il déplorera le fait que les médicaments soient dans «une course contre la montre à cause de leur date d'expiration et qu'ils peuvent s'abîmer sous le soleil du désert». Et des malades meurent au quotidien dans la bande de Ghaza, faute de certains de ces médicaments. «Le gouvernement de la Turquie et son respecté Premier ministre Recep Tayyip Erdogan font de leur mieux, tout comme l'ancien Premier ministre de Malaisie, Mahathir Mohamad, ainsi que l'épouse de l'actuel Premier ministre à Kuala Lumpur», fera remarquer l'homme politique britannique. «J'ai écrit à la reine Rania de Jordanie, lui demandant de contacter Suzanne Moubarak qui, tout en étant la première dame d'Egypte, est aussi la responsable du Croissant-Rouge égyptien, pour voir si c'est la testostérone qui est le problème [allusion au manque de courage des interlocuteurs masculins] ?» dira ironiquement Galloway. Ce dernier est implacable à l'endroit de la responsabilité de chacun. Les faits sont là : plus de 200 camions et 500 personnes venant de 17 pays différents «ont renoncé à leurs vacances de Noël pour tenter d'aider un million et demi d'Arabes et de musulmans dans Ghaza et un gouvernement arabe nous l'interdit». Et le député britannique d'émettre formuler une interrogation lourde de sens : «Que vont faire les 300 millions d'Arabes contre ce lent et tranquille massacre de leurs frères derrière les barbelés ?»
M. B.


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