Anomalie n «Plage interdite à la baignade ! » un écriteau qui ne veut souvent rien dire car fréquemment des jeunes, bravant dangers et pollution, sont en train de faire des plongeons, juste en dessous. En parcourant les plages autorisées à la baignade, l'on ne peut que saluer les efforts consentis par certaines communes pour assurer aux estivants un cadre agréable pour passer leurs vacances dans les meilleures conditions. Dommage, cependant que cet effort peine à cacher le spectacle de désolation qu'offrent les plages interdites à la baignade. Des sacs d'ordures entassés un peu partout, des canettes de boissons alcoolisées de différentes marques et des bouteilles vides jonchent les différents coins de ces plages. Des images auxquelles semblent être habitués aussi bien les habitants de ces quartiers que les rares visiteurs. Ces endroits restent, il faut le dire, des lieux de prédilection d'une certaine catégorie de jeunes ayant sombré dans la débauche. Première escale de notre visite, les plages de la commune de Bologhine, en l'occurrence Deux Chameaux, petit Bassin et eden. Ces plages, jadis ouvertes à tout le monde sans barrière ni clôture, sont devenues, au fil du temps, des décharges à ciel ouvert. Même constat à Hammamet, les escaliers menant à la plage belvédère sont enduits d'une couche de graisse épaisse et visqueuse pour empêcher les passants de s'asseoir. Les creux des rochers regorgent de multiples détritus dans leurs moindres anfractuosités. Et la déception se poursuit à la plage Guerrin où les détritus s'amoncellent depuis des années sur cette petite crique bordant des maisons anciennes déformées par des agrandissements anarchiques. C'était «un petit joyau jalousement préservé dans le passé par les anciens locataires», déplore Mohamed, un habitué des lieux. Aujourd'hui, la plage ne conserve de ce passé si envié que son nom «Guerrin» qui était, apprend-on auprès des personnes rencontrées sur place, celui d'un professeur à l'hôpital Mustapha. Le principal danger de ces plages provient des eaux usées mais surtout de l'hôpital de Hammamet construit dans les années 1980. Il déverse, quotidiennement, des déchets de toutes natures mettant en péril la santé des baigneurs, notamment des enfants qui, par ignorance, continuent à se baigner dans ces eaux et à bronzer sur un sable crasseux sans se soucier des risques qu'ils encourent. Face à cette situation, on est en droit de se demander ce que sont devenues les déclarations de la représentante de l'Agence de protection et de promotion du littoral (Appl) qui avait, pourtant, indiqué au début de cette saison estivale, que sur instruction du wali d'Alger, l'opération de nettoiement concernera aussi les plages interdites à la baignade exhortant les citoyens à aider ses agents à préserver la propreté des lieux et de l'environnement. Le prélèvement d'échantillons se fait une fois par semaine au niveau de trois points dans chaque plage autorisée à la baignade, avait-elle aussi affirmé, soulignant que si les analyses montrent une détérioration de la qualité de l'eau d'une plage, celle-ci sera immédiatement fermée.