Arnaque Selon le chef de la brigade de Mohammadia, 1 514 baudets ont été abattus depuis août dernier, et leur viande, l?équivalent de 57 122 kg, a été écoulée dans différents quartiers d?Alger. La brigade de gendarmerie de Mohammadia, relevant de la compagnie d?El-Harrach, a saisi, ces derniers jours, pas moins de 1 867 kg de viande d?âne destinés à la vente, dont 867 à Réghaïa, 800 au marché Ali-Mellah et 200 à Bab El-Oued. C?est ce qui a été annoncé par le chef brigadier Ahmed D. au cours d?un point de presse tenu hier à l?intérieur de la brigade de Mohammadia. Au terme de quatre mois d?investigations, les éléments de la gendarmerie nationale ont procédé, hier, mercredi, à l?arrestation de cinq commerçants domiciliés au marché Ali-Mellah, à Réghaïa, à Bab El-Oued et à El-Mouradia. Ils devaient être présentés ce matin devant le juge d?instruction près le tribunal d?El-Harrach pour le chef d?inculpation de commercialisation de viande prohibée. Pour leur part, 4 vétérinaires et le directeur de l?abattoir d?El-Harrach, où l?on abattait les baudets, seront jugés pour complicité avec les 5 commerçants. 3 autres commerçants sont dans le collimateur de la Gendarmerie nationale. Selon le chef de la brigade de Mohammadia, 1 514 ânes ont été abattus depuis août dernier et leur viande, l?équivalent de 57 122 kg, a été écoulée dans différents quartiers d?Alger. Comment les accusés ont-ils pu facilement introduire et abattre tant de baudets dans un abattoir public sans éveiller le moindre soupçon ? Outre les complicités dont ils auraient bénéficié à l?intérieur de l?abattoir, les 5 commerçants, qui possèdent des registres du commerce en bonne et due forme, faisaient croire à tout le monde que les ânes qu?ils abattaient étaient destinés aux animaux du parc zoologique de Ben Aknoun, sans jamais fournir le moindre document attestant leurs dires. «Mais en vérité, note le chef de la brigade de Mohammadia, la viande était destinée à la vente sous forme de merguez ou de viande hachée seulement, car il leur était très difficile de l?écouler autrement sans éveiller les soupçons, en ce sens que la viande de baudet se distingue par sa couleur rouge foncée. C?est pourquoi ils prenaient le soin de la mélanger avec de la viande de b?uf.» D?où les accusés ramenaient-ils ces bêtes ? De différentes wilayas du pays, notamment de Boumerdès et de Blida, répond un gendarme ayant participé à l?interrogatoire des suspects dont l?âge varierait entre 30 et 45 ans. - Les 5 commerçants accusés de vendre de la viande d?âne ont affirmé aux gendarmes qui les ont interrogés que la viande en question était destinée aux Chinois, aux chats et aux chiens. L?un d?eux, domicilié au marché Ali-Mellah, serait même en possession d?un registre du commerce l?autorisant à vendre de la viande de baudet. C?est du moins ce qu?a soutenu un boucher rencontré dans ce marché. A l?en croire, ledit commerçant, qui possède une boucherie et un dépôt ? mis sous scellés ? ne se gênait nullement pour révéler l?origine de la viande, qu?il vendait à raison de 120 dinars le kilo, à tous ceux qui s?adressaient à lui. «C?est un homme sans histoire», ajoute notre interlocuteur. Cela dit, les éléments de la gendarmerie qui ont enquêté sur l?affaire ont retrouvé, hier matin, un âne étranglé à l?intérieur de l?abattoir d?El-Harrach. Mis au courant des arrestations opérées par la gendarmerie, l?homme qui transportait le baudet, pris de panique, n?a pas trouvé mieux que de l?étrangler avant de prendre la fuite. Dans le même abattoir, une dizaine d?ânes ont été retrouvés par les gendarmes en charge de l?affaire.