Le rouge ou plutôt l'ocre était, dès la préhistoire, la couleur préférée des populations berbères du Maghreb et du Sahara. L'un de leur procédé d'inhumation consistait à laisser les cadavres se décharner puis à peindre d'ocre les squelettes : c'était une façon de leur assurer une seconde vie dans l'au-delà, le rouge étant la couleur du sang, de la vie. Les artistes utilisaient, également, beaucoup cette couleur, ainsi qu'en témoignent les magnifiques fresques du Tassili. Aujourd'hui encore, on continue à décorer de cette couleur l'intérieur des maisons traditionnelles et surtout les poteries. L'ocre était obtenue à partir d'une argile colorée en jaune ou en rouge par des oxydes de fer. Dans la tradition maghrébine, le rouge est associé aux festivités, avec notamment le henné, une plante tinctoriale, que l'on utilise principalement pour se teindre les cheveux et la barbe. Les femmes y recourent, également, pour se teindre les mains et les pieds, et l'une des cérémonies du mariage consiste à «poser le henné», symbole de joie et de bonheur, mais aussi puissant préservateur contre le mauvais œil et les mauvais esprits. Le rouge est encore présent dans les fards traditionnels maghrébins : le swak (en berbère agusim), produit à partir de l'écorce de noyer, teignait d'un rouge foncé les lèvres. On fabriquait également une sorte de pommade rouge que l'on faisait fondre dans la paume de la main et que l'on utilisait pour se faire rosir les joues. Ces produits sont remplacés aujourd'hui par le rouge à lèvres et les fards à joue, mais le symbolisme est resté le même : faire paraître la femme plus belle, plus attirante !