Phénomène n «Si nous suivions les dispositions du Code de la route à la lettre, ce serait la quasi-totalité des automobilistes qui serait verbalisée, puisque rouler à plus de 80 km/h est considéré comme une infraction.» Une halte au niveau d'un poste de sécurité routière dans la banlieue Est nous a permis d'avoir une idée sur les proportions prises par le phénomène de l'excès de vitesse qui demeure l'une des principales causes des accidents de la route. Au niveau de ce poste relevant de l'Escadron de sécurité routière (ESR) d'El-Harrach, un radar a été placé pour prendre en flagrant délit les fous du volant. Et les chiffres communiqués par le chef de section, un jeune lieutenant, sont tout simplement effarants. «Si nous suivions les dispositions du Code de la route à la lettre, ce serait la quasi-totalité des automobilistes qui serait verbalisée, puisque rouler à plus de 80 km/h est considéré comme une infraction.» Or, il se trouve que seuls les conducteurs des vieux tacots consentent à se conformer à cette disposition pour des raisons évidentes. Devant «l'objectif vigilant» du radar auquel aucun détail de ce qui se passe sur l'autoroute n'échappe, des chauffards s'adonnent à leur loisir favori : l'excès de vitesse. Ils ne se doutent pas un instant que leurs «performances» sont consignées et enregistrées comme le sont celles des pilotes de Formule 1. Parmi tous les véhicules qui foncent tels des bolides, une Golf noire attire l'attention de l'assistance. Nul besoin de radar pour deviner que le chauffeur de cette voiture est particulièrement pressé et en passe de battre un record. Sur l'écran de l'appareil sophistiqué, la vitesse est aussitôt affichée : 125 km/h. Le record n'est pas pour autant battu. L'on est même tenté de dire qu'il s'agit là d'une «piètre prestation», puisqu'on est loin des records enregistrés précédemment et même de celui de la journée qui est de 143 km/h. «Il nous est arrivé d'appréhender des gens roulant à 180 km/h», précise un gendarme. Hors du circuit, Schumacher ou Alonso ne feraient pas mieux. Les chauffards ainsi pris en flagrant délit ne tarderont pas à être appréhendés au niveau d'un barrage dressé pour la circonstance à environ 1 km plus loin. «Le radar nous permet de relever tous les détails de l'infraction (vitesse, heure, date, matricule du véhicule…) que nous communiquons immédiatement par radio aux éléments du barrage qui procèdent à l'arrestation des contrevenants», explique le lieutenant. Les dénégations des chauffards ne servent à rien puisque les données consignées par le radar font foi devant les instances judiciaires. Au-delà de 120 km/h, les fous du volant risquent, purement et simplement, une peine de prison ferme, même s'ils ne sont pas à l'origine d'un accident…