Flambée n Selon l'ONS, les prix des produits ont connu un taux de croissance de pratiquement 10 % pour la même période de l'année passée. Le ramadan n'est pas encore là que la réalité des prix fait trembler les citoyens. Fixée sur la facture à payer pour les besoins de la rentrée scolaire, Ghania pense déjà aux dépenses du ramadan. La mercuriale atteignant des sommets, les quelques neurones qui ont survécu à la surchauffe causée par les calculs infernaux pour la préparation de la rentrée scolaire et les économies difficilement mises de côté pendant toute une année sont mis à rude épreuve. Contrairement à ses habitudes qui consistent à renouveler le principal de sa vaisselle en préparation du mois sacré, cette année, elle dérogera à la règle. Pour avoir un aperçu des frais à mettre sur table pour le ramadan, Ghania prend un petit carnet et un stylo afin de calculer à la manière d'une facture pro forma, ce que lui coûtera un repas de rupture de jeûne. Elle dresse une liste de plats qui elle garniront sa table le premier jour du mois sacré. Chorba, m'taouem, Lham Lahlou, un hors-d'œuvre et quelques boureks pour six personnes, car en plus de sa famille qui compte cinq membres, elle va accueillir cette année son beau-frère. «La chorba nécessite 300 g de viande, l'ham lahlou 500 g et le m'taouem 500 g de viande et 1 kg de poulet», décide-t-elle. Avec ces mesures, et en ajoutant, les légumes, épices, et autres composants indispensables à la cuisine algérienne tels l'huile et le beurre, la maîtresse de maison tombe des nues en faisant le total. Avec les prix actuels, sans prendre en compte l'augmentation habituelle des coûts qui accompagne chaque ramadan, les produits alimentaires, la chorba lui revient à 200 DA, Le m'taouem à 800 DA, l'ham Lahlou à 700 DA, le hors-d'œuvre à 60 DA, les 12 boureks à 120 DA. Sans comptabiliser le dessert et les boissons un total de 1 880 DA est griffonné sur le bas de la liste par une femme complètement abattue. «2 000 DA pour un simple f'tour ! c'est de la folie ! à ce rythme-là, il faudra plus de 6 millions de centimes pour passer le ramadan. Jamais on y arrivera», se lamente-t-elle. «Cette année, je crois qu'on va faire comme nos voisins. Demander le couffin de ramadan ou faire un prêt chez mes beaux-parents», poursuit-elle alarmée. Rappelons quand même que les plats proposés par Ghania ne sont pas considérés comme des plats de pauvres. Nécessitant de grandes quantités de viande, denrée éminemment chère en Algérie, ces préparations sont donc inabordables. En particulier si on doit les présenter en même temps. Par ailleurs, l'estomac étant vide toute la journée du jeûne, il n'est pas conseillé de le bourrer ainsi avec des plats aussi riches au risque d'une indigestion sévère qui nécessiterait l'engagement d'autres frais encore plus lourds, mais cela est une autre histoire.