Grief n «La Maison-Blanche doit reconnaître que sa stratégie a échoué dans une guerre où ont déjà péri plus de 3 700 soldats américains et des dizaines de milliers d'Irakiens, et après une addition de près de 500 milliards de dollars.» Au lendemain d'une visite surprise en Irak de George W. Bush, un rapport de la Cour des comptes américaine a conclu, hier, mardi, que le gouvernement de Bagdad n'avait pas atteint onze des 18 objectifs fixés par le Congrès américain en termes de progrès militaires et politiques. «Le gouvernement irakien a atteint trois (objectifs), quatre autres en partie, et les onze autres pas du tout» sur un total de 18 objectifs, précise le rapport du GAO, organisme indépendant chargé des audits pour le Congrès. «Des lois cruciales n'ont pas été votées, la violence reste élevée et il n'est pas clairement établi que le gouvernement irakien dépensera 10 milliards de dollars des fonds destinés à la reconstruction», ajoute-t-il. Pour sa part, le contrôleur général du GAO a estimé que le gouvernement irakien «présente des dysfonctionnements». Cet état des lieux au premier jour d'une rentrée parlementaire placée sous le signe de l'Irak doit être suivi dans les prochains jours d'autres évaluations de la situation sur le terrain. Le leader de la majorité démocrate au Sénat a, de son côté, indiqué que la Maison-Blanche doit reconnaître que sa stratégie «a échoué, dans une guerre de plus de quatre ans, où ont déjà péri plus de 3 700 soldats américains et des dizaines de milliers d'Irakiens, et après une addition de près de 500 milliards de dollars payée par les contribuables américains». «Ceci est la guerre de George W. Bush et il est responsable des erreurs et mauvais calculs qui laissent nos troupes engluées dans une guerre civile sans issue en vue», a-t-il déclaré. La Maison-Blanche a minimisé la signification du rapport du GAO, affirmant que ses conclusions ne donnaient pas une image complète des réalités irakiennes. «Il est plus utile d'attendre les témoignages des responsables civils et militaires en Irak ainsi qu'un rapport du président Bush la semaine prochaine pour une image plus complète de la situation actuelle en Irak et pour des recommandations pour l'avenir», a indiqué, hier, un de ses porte-parole, estimant que le rapport du GAO «a une vue statique des progrès en Irak». Des auditions du général David Petraeus, commandant des forces américaines en Irak, et de Ryan Crocker, l'ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad, sur l'évaluation de la situation en Irak sont prévues la semaine prochaine. Pour les responsables démocrates qui accusent la Maison-Blanche de donner une image de la situation très éloignée de la réalité, les auditions destinées à faire monter la pression vont se succéder «comme des roulements de tambour» avant celles de MM. Petraeus et Crocker. L'administration Bush doit défendre sa stratégie en Irak devant le Congrès d'ici au 15 septembre et ses partisans républicains devront décider s'ils continuent à la soutenir ou s'ils sont prêts à céder à la pression d'une opinion publique de plus en plus hostile à cette guerre.