Constat n Depuis quatre ans, les notaires, à travers lesquels passent généralement les transactions, n'ont fait aucune déclaration de soupçons, d'où l'impossibilité de déclencher des enquêtes. L'immobilier est considéré aujourd'hui en Algérie comme étant un refuge sûr pour le blanchiment d'argent, avertit un spécialiste anti-blanchiment qui ne se prive pas d'exhorter, dans ce sens, les autorités à entreprendre des enquêtes. «Le prix de l'immobilier a flambé en très peu de temps. Pourquoi ? Parce qu'un grand nombre de blanchisseurs viennent remettre dans le circuit licite l'argent mal acquis, et quand on est un blanchisseur on est peu regardant du prix du terrain ou celui d'un appartement», a expliqué lundi matin sur les ondes de la Chaîne III, Abdelmajid Amghar, président de la Cellule du traitement du renseignement financier (Ctrf). Premiers à être cloué au pilori : les notaires. «Parmi les assujettis, les entités déclarantes qui doivent faire des déclarations de soupçons à la Ctrf, il est clairement mentionné les notaires à travers lesquels passent généralement les transactions immobilières. Or, depuis quatre ans, c'est-à-dire depuis que la cellule a commencé à fonctionner, aucune déclaration de soupçon ne nous est parvenue de la part des notaires et l'Etat devrait engager des enquêtes s'il y a effectivement des soupçons», a-t-il concédé. Dans un autre registre, M. Amghar fera savoir que des campagnes de sensibilisation sont menées en direction des différents assujettis, (banques, assurances, commissions de douanes) à l'effet d'élaborer éventuellement des déclarations de soupçons lorsqu'ils sont en face d'une transaction douteuse. «En l'espace de six mois, nous avons reçu plus de 80 déclarations de soupçons, ce que nous n'avions pas observé auparavant. A titre d'illustration, de 2005 à 2006, nous n'avons reçu que 12 déclarations de ce genre», ajoute-t-il. Selon l'intervenant, quantifier le phénomène du blanchiment d'argent dépend avant tout des normes à utiliser. «Si on parle du blanchiment d'argent, on peut éventuellement parler de phénomène. Si on parle de financement du terrorisme, là se poserait un problème de quantification car généralement la somme d'argent utilisée dans le financement du terrorisme est généralement minime, vu que la logistique utilisée ne demande pas de gros financements». En termes de lutte et de cadre réglementaire, M. Amghar rappelle que la loi exige l'élaboration de deux rapports au sujet des activités suspectes qui passent par le circuit bancaire. La premier rapport concerne toutes les transactions financières, les paiements en cash et dont le montant dépasse la somme de 10 000 dollars. «Tous les paiements et les virements qui dépassent cette somme sont automatiquement sur le fichier de la lutte contre le blanchiment d'argent qui sera systématiquement envoyé aux équipes chargées des enquêtes», précisera-t-il. Le deuxième rapport consiste à faire une déclaration sur toute transaction dont la raison économique n'est pas évidente. «Si le préposé au guichet a affaire à un individu qui n'a aucun revenu et qui reçoit ou transmet une somme importante, il doit impérativement le soupçonner avant de faire une déclaration à l'adresse des enquêteurs spécialisés», conclut le président de la Ctrf.