Dès que le vent tourne, c'est toujours l'entraîneur qui est visé. Histoire de confirmer que notre football marche la tête en bas, les deux clubs qui ont disputé la finale de la Supercoupe d'Algérie, jeudi dernier, se sont séparés de leurs entraîneurs. Pour le Mouloudia d'Alger, cette rupture entre dans ses us et coutumes puisque l'an dernier, déjà, il avait remercié le Français François Bracci, au lendemain de sa victoire en Supercoupe face à la JS Kabylie. Disons que si, en cette circonstance, il s'agissait d'un limogeage, cette fois-ci le départ d'Enrico Fabbro est assimilé à une séparation à l'amiable. L'Italien, qui était partant après la défaite en championnat face à la JS Kabylie, avait été «repêché» et remis en selle par le comité directeur du club qui avait fait part de son intention de le conserver. Il ne l'aura fait que pour la Supercoupe, puisqu'en dépit de la confiance revenue, après l'éclatant succès face à l'ESS, Fabbro a, tout de même, tenu à quitter le vieux club algérois. Histoire de montrer que son départ se fera avec regret, les dirigeants mouloudéens ont organisé, en son honneur, vendredi après midi à l'hôtel Sheraton, une réception durant laquelle des remerciements lui ont été prodigués pour tout ce qu'il a accompli au Mouloudia. Convenons que de telles démarches se font rares de nos jours, et Fabbro l'a sans doute compris, lui qui a eu les larmes au yeux lorsque la parole lui a été donnée. Mais dans cette histoire, il faut rechercher le pourquoi de cette envie de l'Italien de tout lâcher pour rejoindre son pays. Fabbro aurait été, certainement, prêt à signer des deux mains pour un bail de plus longue durée avec le Mouloudia, s'il avait trouvé les conditions favorables pour mettre en pratique ses compétences. Des conditions matérielles, tout d'abord, sachant que le Mouloudia, le club le plus populaire du pays, en est arrivé à frapper aux portes de certaines APC pour trouver un stade qui abrite ses rencontres à domicile. Il a dû, aussi, sans aucun doute, se heurter à de nombreux problèmes en matière d'entraînement et de moyens didactiques. Il y a aussi les conditions humaines, quand on sait que le Mouloudia est passé par de grandes turbulences avant de retrouver une direction élue. Mais, plus que cela, c'est certainement le comportement désinvolte et le peu de professionnalisme des joueurs qui a dû l'inciter à précipiter son départ, même s'il ne le dit pas. Des joueurs dont on dit qu'ils ont reçu une prime de seigneur à l'occasion de leur victoire en Supercoupe mais dont certains ne se gênent pas pour programmer leur mariage en pleine saison sportive. Fabbro a dû comprendre qu'il était temps pour lui de quitter la scène algérienne avant de se retrouver confronté à une nouvelle crise. Une crise qui semble avoir pris place au sein de l'Entente de Sétif, si l'on en croit les informations indiquant que l'entraîneur Noureddine Saâdi a été limogé. Cette Entente-là s'était déjà fait remarquer sur ce plan la saison dernière en congédiant son entraîneur Rachid Belhout, au moment où elle caracolait en tête du classement général. Aujourd'hui, au moment où cela va moins bien pour elle, il apparaît comme normal que le coach trinque dès que le vent souffle du mauvais côté. Si Saâdi venait à partir, il ne serait que le 2e entraîneur à quitter l'ESS depuis le début de la saison, après l'éphémère épisode du Suisse Rosli et celui qui va venir (Cheradi ou un autre) devra savoir que son avenir dans ce club ne tiendra qu'à un fil. Si on comprend bien, l'Entente retombe dans ses erreurs du passé qui l'avaient menée, à une époque, en division2. Il est incontestable que Hakim Serrar, son président, l'a sortie du trou dans lequel elle se trouvait jusqu'à en faire un champion d'Algérie et arabe. A Sétif, on ne semble pas aimer la continuité, et l'ESS, qui avait connu une longue traversée du désert au lendemain de ses succès en Coupe d'Afrique des clubs champions en 1988 et en Coupe afro-asiatique en 1989, risque, tout bonnement, aujourd'hui, de connaître la même période de «galère».