Ecriture n Mustapha Benfodil, journaliste et romancier, a présenté, hier, au Centre culturel français d'Alger, son dernier livre Archéologie du chaos. Trois ans après Les bavardages du seul, un roman qui a obtenu à sa sortie en 2004, le prix du meilleur roman algérien, et sept ans après Zarta, son premier livre, Mustapha Benfodil renouvelle l'expérience de l'écriture avec Archéologie du chaos, son troisième roman, paru aux éditions Barzakh. «Le roman se déploie sur trois récits dont chacun est conduit par un narrateur central ; celui-ci est marqué par un dédoublement du je», explique l'auteur, ajoutant que «c'est un roman à l'écriture forte, violente, où la violence s'exprime avec une misogynie et misanthropie manifestes. C'est aussi une écriture de vagabondage, d'errance». L'écrivain a expliqué, en outre, que «l'écriture utilisée et développée dans son roman tisse une toile d'intrigues.» Pour sa part, Rachid Mokhtari, écrivain et critique littéraire, a souligné que «c'est un texte violent dans la mesure où il est continuellement traversé par des fantasmes relevant des désirs sexuels.» Et d'ajouter : «Le roman met en situation la dualité entre le corps, le physique et l'esprit, la métaphysique.» Nadia Sebkhi, romancière et poétesse pour qui le texte est captivant, tumultueux, a indiqué que «le texte est une représentation de la nudité de la vie, de sa luxure». «L'obscénité de la vie y est avortée.» Ainsi, «le récit, dans sa nudité, dira Rachid Mokhtari dans son analyse, est celui d'un auteur-narrateur qui brouille les pistes de ses désirs pour mieux ouvrir celles de ses délires». Et de continuer dans sa lecture : «Le récit est imprimé d'une névrose du sexe et de l'écriture, du sexe et des premiers engagements politiques, du sexe et de la mort. Du sexe à l'état pur…» Le roman, un récit truculent de vie, d'allants, de désirs, une écriture dérivant vers l'érotisme, raconte le désir, le sexe dévoilé dans sa nudité, sa verdeur. C'est l'histoire d'un homme dont l'enfance ressurgit dans sa vie présente. Il vit une enfance chaotique. Il commet un double inceste : il tue par mégarde – ou par jalousie – Kamélia, sa petite sœur, alors que Kheïrra, sa voluptueuse marâtre, aguiche sa sexualité. Ainsi, se côtoient, se confrontent dans une écriture délurée, débridée, une écriture combinatoire, l'intellect et le vulgaire. Les deux ne font toutefois pas bon ménage sur le même lieu. Enfin, s'exprime, en filigrane, dans cette «écriture sexuelle», la satire sociale, l'ironie politique, le ludique des mots. «Avec ce roman, dira Mustapha Benfodil, on revient aux années 1990, on est en plein dedans.»