Mebrouk, le buraliste du coin et dont la bicoque fait face à l'école, attend chaque septembre la rentrée avec passion. «Ah ces diablotins ! J'ai appris à vivre avec eux. Surtout ceux de la première année primaire, ils n'entrent en classe que lorsqu'ils ont les poches du tablier pleins de friandises. Croyant me jouer des tours, quelques petits tentent de m'arracher quelques bonbons et j'ai attrapé plusieurs d'entre eux la main dans le sac.» Mebrouk ne se lasse pas d'ailleurs de contempler les incartades matinales des garçons. Il est aussi un témoin oculaire de guerres déclenchées par des garçons de 6 ans, et parfois même des filles du même âge, dont certains font même la guerre avec leur mère ou leur père, le jour de la rentrée et refusent d'entrer à l'école. «Je me souviens un jour d'un drame qui est survenu justement le jour de la rentrée. Un enfant, totalement hystérique, s'est chamaillé violemment avec sa maman qui voulait le faire entrer en classe. Trompant la vigilance de sa mère, il s'est sauvé et en traversant la route, une voiture l'a heurté mortellement. J'ai vu cette scène. Elle était choquante. Surtout celle de la maman.» Le rejet précoce de l'école, du reste difficile à expliquer selon bon nombre de psychopédagogues, est un vrai casse-tête pour les parents. A ce sujet, notre directrice donne d'amples détails : «Certains enfants, vraiment turbulents, sont si déchaînés, si remontés qu'ils commencent à mordre leurs parents et déchirer, dans une véritable hystérie, vêtements, tablier et même sac à dos». A qui la faute ? «Aux parents bien évidemment ! Ces derniers doivent impérativement comprendre qu'ils ont un rôle prépondérant pour le premier jour de contact de leur enfant avec l'école.»