Résumé de la 2e partie n Stéphanie s'aperçoit qu'en aidant Norbert, ce dernier a une réaction surprenante. Stéphanie n'a rien dit. Dès le lendemain, elle est à nouveau au milieu des pensionnaires du château. Mais désormais, entre Norbert et elle, un contact nouveau s'est établi. Le docteur Mathouret remarque que le garçon semble moins agité quand Stéphanie est présente jusqu'au jour où des cris se répercutent dans les couloirs du château : — Vite, venez, Norbert vient d'attaquer Stéphanie ! Deux infirmiers se saisissent de Norbert. Ils le maîtrisent. Stéphanie, le visage tuméfié, est tombée sur le carrelage du couloir. Elle regarde son protégé avec un étonnement indicible : — Stéphanie, que s'est-il passé ? Pourquoi a-t-il fait ça ? — Je n'y comprends rien. Je passais à côté de lui. Soudain, il m'a envoyé un coup de poing en plein visage. Il disait des choses que je n'ai pas bien comprises. Il avait l'air très en colère. Comme si je lui avais fait quelque chose. J'ignore absolument quoi. Dans les jours qui suivent, on essaie d'analyser le comportement de Norbert. Il marmonne quelque chose comme : «Stéphanie, méchante, partir...» Que veut-il dire ? Désire-t-il que Stéphanie quitte le château ? Impossible d'en savoir plus. On finit par oublier l'incident car Norbert change d'attitude. A nouveau il considère Stéphanie avec la passion muette qui était la sienne au cours des derniers mois. Elle avoue à sa mère : — Je suis rassurée, j'ai retrouvé le beau regard de Norbert. J'ai retrouvé les deux oiseaux magnifiques prisonniers de leur cage. Je ne saurai sans doute jamais ce qu'il avait à me reprocher. Peut-être y a-t-il eu un malentendu ? Peut-être a-t-il mal compris une phrase entendue par hasard... — Tu vois comme les relations avec ces pauvres créatures sont difficiles et pleines d'embûches... Stéphanie a souvent l'occasion de rencontrer Norbert dans les couloirs du château. A chaque fois elle ressent une impression d'angoisse vague. Mais elle sourit et Norbert lui adresse quelques «mots». Elle n'en comprend pas le sens, mais le sentiment qui anime le garçon est celui d'une affection certaine. Un soir Stéphanie rentre chez sa mère et raconte : — Figure-toi qu'aujourd'hui, quand j'ai croisé Norbert, il s'est jeté sur moi. — Encore ? — Oh, mais, cette fois, il m'a embrassée avec une sorte de passion. Je ne savais pas comment réagir. Le plus curieux c'est qu'il disait la même chose que le jour où il m'a envoyé le coup de poing : «Stéphanie, méchante, partir.» Et il me serrait comme il pouvait entre ses bras. Sous le coup de l'émotion, il n'arrivait pas à maîtriser ses mouvements convulsifs. Je me demande d'où lui vient cette idée fixe : «Stéphanie, méchante, partir.» Je n'ai aucune intention de partir. C'est curieux, tu ne trouves pas ? Mme Desbarieux ne sait que répondre : — Oui, c'est vraiment bizarre. Et surtout qu'il répète les mêmes mots avec deux réactions totalement opposées. Un jour, il te frappe ; un jour, il t'embrasse. Décidément, ces pauvres créatures sont mystérieuses. Une semaine plus tard, le docteur Mathouret et presque toute l'équipe du château entourent Mme Desbarieux, toute vêtue de noir. Elle contemple le cercueil de sa chère Stéphanie au moment où on le fait glisser dans la tombe familiale. Norbert est là lui aussi et il ne parvient à maîtriser ni ses larmes ni les mouvements convulsifs qui secouent ses bras et ses jambes. Il marmonne avec de gros sanglots la même phrase : — Stéphanie, méchante, partir. Le docteur Mathouret murmure à l'oreille de la surveillante en chef : — Norbert a peut-être été le seul d'entre nous à pressentir ce qui allait se passer. Qui aurait pu prévoir que cette pauvre Stéphanie allait se faire tuer par un chauffard ivre mort juste au moment où elle sortait du château ? A vingt-quatre ans, quelle misère ! Je ne crois pas que nous arriverons à la remplacer.