Le 4 octobre 1957, l'URSS envoie en orbite le premier satellite artificiel, le Spoutnik, ouvrant l'ère de la conquête spatiale et une course acharnée avec les Etats-Unis, empreinte d'idéologie. «Avec ce lancement, l'ère spatiale a commencé», raconte le constructeur Boris Tchertok, un des créateurs des premières fusées soviétiques R7 qui permirent de mettre le Spoutnik en orbite. Le Spoutnik, petite boule métallique de 83 kilos, a décollé à 02h 28 avec une fusée R7, ancêtre du Soyouz, d'un pas de tir secret situé dans la steppe du Kazakhstan. «Nous avons préparé le lancement du Spoutnik sans grand espoir. A l'époque, notre principal objectif était de mettre au point un missile de combat», confie M. Tchertok. Après quatre accidents successives de missiles, Korolev, le père du secteur soviétique, propose de réaliser un autre projet, celui d'un premier satellite artificiel. «D'autant plus que les Américains annonçaient qu'ils avaient eux aussi l'intention de lancer un satellite à l'occasion de l'année internationale de la géophysique en 1958», explique M. Tchertok. Le satellite sera simple : deux hémisphères, un émetteur radio, des antennes et un système d'alimentation. Le Spoutnik a été placé en orbite et commence à émettre son fameux «beep, beep». Mais le lendemain, le quotidien officiel Pravda y consacre seulement quelques lignes. «A ce moment-là, nous n'avons pas compris l'importance de ce que nous avions fait, cela arrive souvent avec les grandes découvertes», confie M. Tchertok.