Rencontre n Le domaine de la production littéraire amazighe reste faible, mais il tend néanmoins à se créer une dynamique permanente. «Les soirées de la littérature amazighe» , tel est le thème des rencontres littéraires qui, initiées conjointement par le Haut-Commissariat à l'amazighité et l'établissement Arts et Culture, se tiennent, depuis hier et cela jusqu'au 9 du mois, au théâtre de verdure. Ces rendez-vous thématiques de quatre jours mettront en exergue, et ce, à travers des lectures de textes ou des récitals poétiques ou encore à travers des exposés et des conférences, tous les domaines de la littérature, à savoir roman, poésie, théâtre, nouvelle, conte… et bien d'autres genres littéraires, dont la traduction et l'adaptation qui sont liées au fait de l'écriture, de l'édition et donc du livre. «Même l'oralité – comme le chant – est un genre et un patrimoine littéraire», relève El-Hachemi Assad, responsable des services culturels auprès du Haut-Commissariat à l'amazighité. Interrogé sur l'objectif de ces rencontres, ce dernier dit que «c'est une initiative visant à faire connaître la nouvelle production littéraire, toutes catégories confondues. Il s'agit aussi de faire connaître – et de saluer par la même occasion – l'effort de nos auteurs qui, à leur compte, se consacrent, en dépit notamment des entraves financières, à la production littéraire, maintenant ainsi une certaine dynamique éditoriale.» S'agissant de la place de la production littéraire amazighe, El-Hachemi Assad évoque les mêmes problèmes. La production reste faible. Le problème qui se pose, c'est bien celui du lectorat amazighe. Un éditeur ne peut prendre le risque de s'y investir à grande échelle. Un lectorat existe certes mais pas suffisant pour couvrir les frais de l'édition.» Il reconnaît toutefois le concours et le soutien des institutions culturelles, à l'instar du ministère de la Culture. Il fait appel à l'Etat pour s'impliquer davantage dans la promotion et le développement de la production éditoriale amazighe. S'exprimant à ce sujet, El-Hachemi Assad souligne que «le paysage éditorial amazighe dans son ensemble comprend, depuis 2002, quelque 49 titres, soit 1 500 exemplaires par livre.» Et d'ajouter : «Nous avons institué un comité de lecture.» Cela revient à dire qu'un pas qualitatif est à enregistrer dans le domaine de l'édition. «Le secteur de l'édition commence à se créer des traditions, une dynamique, même s'il reste beaucoup à faire pour le défricher, donc le réglementer.» «C'est pour cette raison que nous tenons à ce que l'Etat s'implique davantage dans ce domaine», dit-il. La Fontaine revisité ! l Lors de cette première soirée, Aït Ouyahia Belkacem, écrivain, a évoqué son expérience dans le domaine de la traduction et de l'adaptation à travers son ouvrage consacrée aux fables de La Fontaine. «Je n'ai pas seulement changé les noms des personnes et des lieux. Je ne voulais pas faire de la traduction, mais décrire l'atmosphère de la Kabylie des années 1930 et 1940», a indiqué le conférencier qui a «voulu rendre, dans ce livre, la couleur locale». «J'ai commencé par traduire l'œuvre de La Fontaine, mais je me suis rendu compte que la traduction était fade. Alors j'ai décidé de faire une adaptation et la rime est venue d'elle-même», a ajouté le professeur Aït Ouyahia qui a déclamé quelques vers des fables Le chêne et le roseau et Le laboureur et ses enfants, en tamazight et en français. L'anthropologue Dida Badi, auteur du livre L'imzad, une musique millénaire targuie, pour sa part, a fait une présentation de l'imzad «qui constitue un patrimoine matériel en tant qu'instrument et immatériel en tant que musique». «L'imzad est un instrument monocorde très ancien joué uniquement par les femmes qui, quelquefois, se font accompagner par un poète», a précisé l'anthropologue expliquant que les thèmes développés dans ce genre musical sont : la femme, le pays, la bravoure, l'environnement et le Sahara.