Encore à ses balbutiements, la littérature amazighe reste tout comme le cinéma amazigh une minorité dans l'échiquier culturel algérien. C'est un fait lié à l'histoire de cette langue qui a longtemps été ostracisée en la confinant à certaines régions jusqu'à devenir presque un folklore. Dans une récente rencontre à Sidi Bel Abbès, le secrétaire général du Haut commissariat à l'Amazighité (HCA), Youcef Merahi, a soutenu que la langue amazighe a pu renforcer sa position dans la société algérienne grâce à sa contribution à la relance du patrimoine culturel national écrit. Cette déclaration a été faite , au cours des travaux de la deuxièmes et dernière journée des deuxièmes journées d'étude sur "L'évolution de la langue amazighe et de sa littérature en Algérie depuis l'indépendance". Faire de tamazight une langue d'expression du patrimoine culturel algérien et de la littérature amazighe "peut susciter l'engouement pour apprendre et connaître sa dimension nationale" a-t-il encore ajouté. Il est évident qu'une langue quelle qu'elle soit enrichit une Nation, mais faudra t-il que sa production littéraire et autres soient valeureuses. Il est à rappeler que de nombreuses rencontres du genre ont eu lieu les années précédentes, et à chaque fois que les professionnels traitent du conte, du roman et de la nouvelle rédigés dans la langue amazighe, il est immanquablement posé la question sur la problématique de la traduction. D'ailleurs la traduction et l'adaptation des œuvres en tamazight ont été les thématiques développées lors de maintes rencontres initiées par le Haut commissariat à l'amazighité (HCA) de concert avec d'autres établissements. Récemment, le professeur Aït Ouyahia Belkacem a évoqué son expérience dans le domaine de la traduction et de l'adaptation à travers son ouvrage consacré aux Fables de La Fontaine. Il n'y a jamais grand monde dans ces rendez-vous littéraires, mais les mordus de tout ce qui concerne cette culture berbère, l'une des plus anciennes au monde viennent souvent. La traduction, un projet à long terme Quoique la production littéraire amazighe n'est pas florissante, des soirées entières ont été consacrées à des discussions autour du roman et de la nouvelle en tamazight. Des rencontres ont fait sortir de l'anonymat des écrivains et des romanciers de haute facture dont, Tahar Ould Amar et Chemakh Saïd. Les recueils de poésie, ont toujours été présentés à travers l'ancienne génération que représentent les Djouher Benmouhoub, Aït Toudert Halima, Hadj Boudjemaâ Idir, Hardou Salah et Hadouche Ahmed. La nouvelle génération comporte des noms et des plumes en herbe tels Zamouche Slimane, Lahlou Ahmed, Mariche Ahcène et Belherat Slimane. Une chorale polyphonique amazighe existe aussi, elle chante les titres comme Lhenni, Tibuyarin, Acewwiq et Adekker, avec Fadhma Flora Mouheb et Cherif, et assiste à de nombreux rendez-vous nationaux. Par ailleurs le Haut commissariat à l'Amazighité (HCA) s'attelle à élaborer des projets pour encourager la traduction d'ouvrages et de récits algériens vers la langue amazighe a annoncé, lundi à Sidi Bel-Abbès, le vice-directeur de l'enseignement, de la recherche et de l'évaluation au sein de cette institution. En marge des travaux des deuxièmes journées d'étude sur "l'évolution de l'amazighité langue et littérature en Algérie depuis l'indépendance", Boudjemaâ Aziri a indiqué que l'enrichissement des bibliothèques nationales par des ouvrages algériens traduits en tamazight "contribuera à développer cette langue et à la vulgariser". Pour lui, ces projets permettront de prendre en charge la couverture des frais de traduction et d'écriture en langue amazighe et à soutenir les initiatives, et à les encourager par un grand nombre de mesures incitatives. Le même responsable a indiqué que le HCA avait reçu de nombreuses suggestions de la part d'écrivains algériens en vue de traduire des œuvres romancières et culturelles algériennes vers la langue amazighe en se basant sur les caractères latins, à l'instar des livres de Mouloud Maameri, Kateb Yacine, Mohammed Dib et Taher Djaout. Le HCA a pris en charge la traduction de plusieurs livres algériens vers la langue amazighe, ces dernières années, en plus de la publication d'écrits sur la culture et la littérature amazighes, notamment l'ouvrage "Introduction à la littérature amazighe", écrit en français par Haddadou Mohand Akli et qui sera traduit prochainement en tamazight, a indiqué Aziri.