Notre pays vieillit : les personnes âgées de 60 ans et plus représentent 5,2% de la population contre 2% seulement au lendemain de l'indépendance. Cette situation commence à charrier son lot de problèmes avec la propagation des maladies dégénératives. L'Algérie connaît depuis quelques années de profondes mutations démographiques avec le vieillissement de la population qui risque d'engendrer de plus en plus de maladies dégénératives. Tel est le constat établi hier soir, à Alger, par des spécialistes lors d'une table ronde ayant pour thème «Penser la santé et la sécurité sociale en 2020» organisée par l'Alliance nationale républicaine (ANR). «Il y a une transition démographique en Algérie, où l'espérance de vie moyenne dépasse désormais 74 ans, avec tout ce que cela implique comme besoins de santé», a ainsi déclaré le Pr Pierre Chaulet, ex-chef de service de pneumo-phtisiologie du Centre hospitalo-universitaire (CHU) de Béni-Messous et expert-consultant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). «Nous constatons de plus en plus de maladies cardiovasculaires et de pathologies dégénératives en général, comme le diabète et l'hypertension artérielle», a-t-il ajouté. Pour sa part, le Pr Rachid Bougherbal, président de la Commission médicale nationale, a affirmé que l'Algérie devra faire face à une «véritable épidémie de maladies nouvelles» liées au vieillissement, non sans souligner qu'en 1962, «la catégorie des plus de 60 ans représentait moins de 2% de la population. Ce taux est passé à 5,2% et il y a aujourd'hui 1,1 million d'Algériens de plus de 70 ans». Selon lui, le traitement de ces maladies «nouvelles» et chroniques coûte de plus en plus cher, d'où la nécessité d'adapter les dépenses publiques de santé à «cette nouvelle réalité». Citant l'exemple du cancer qui est à l'origine de 9% des décès dans notre pays, il dira que 45% des dépenses publiques de santé sont consacrées à son traitement. Sur sa lancée, le Pr Bougherbal a rappelé que les maladies cardio-vasculaires et le diabète ont été responsables de respectivement 29,5 et 7,4% des décès enregistrés dans notre pays en 2006. Et d'enchaîner : «Nous avons encore des maladies du tiers-monde (transmissibles), mais aussi, et de plus en plus, de maladies propres aux pays développés, sans avoir les moyens de ces pays.» Outre le vieillissement de la population, certains spécialistes ont tiré la sonnette d'alarme quant à la propagation de l'obésité parmi la population. A ce propos, le Pr Noureddine Zidouni, chef de service de pneumo-phtisiologie au CHU de Béni-Messous, a indiqué que la population obèse et pré-obèse «représente plus de 50% de la catégorie d'âge des 30-70 ans qui représente, à son tour, la moitié de la population algérienne.»