Résumé de la 1re partie n Les sept frères, dotés chacun d'une grâce particulière, partent sauver leur unique sœur, joyau de la famille, enlevée par le ghoul. Ils prièrent donc «Toucheur-de-serrure-et-ses-accessoires-s'envolent»d'intervenir. Celui-ci posa la main sur la lourde penture de fer qui bloquait la porte ; et la porte put jouer sur ses gonds. Le ghoule n'était pas encore là. Les frères se réjouissaient de leur sœur retrouvée. Mais celle-ci tremblait à l'idée de voir l'ogre revenir d'un moment à l'autre, car il les dévorerait certainement. Pourtant elle répondit gentiment aux demandes des jeunes gens : — A quoi servent ces deux grands bassins ? — C'est là qu'il boit et se lave. — Que fait-il de ces immenses barres de fer ? — Il s'en sert pour se curer les dents lorsqu'il a fini de dévorer ses proies.» A peine avait-elle parlé que l'on sentit la maison bouger. Les jeunes gens étaient inquiets. Le frère archer, aussi naïf que courageux, dit : «Ne craignez rien Je suis là !...» La sœur sourit. Elle leur dit que ce tremblement de terre n'était que le signe d'une arrivée lointaine. Le ghoule devait être en marche vers la maison, à quelques kilomètres. De plus près, ce serait bien autre chose... Les jeunes gens étaient terrifiés. Ils ne pouvaient maintenant songer à partir car ils seraient rattrapés. Le plus sage pour eux était de rester dans la maison, de se cacher et d'attendre. L'aube du jour nouveau leur permettrait sans doute d'enlever leur sœur. La maison sursautait de plus en plus fort. Les garçons, dissimulés de divers côtés, échangeaient quelques paroles à voix basse quand la jeune fille leur imposa silence : «Voilà l'ogre !...» Le ghoule entra, colossal, avec ses yeux torves, ses canines débordantes, ses doigts comme des serres, son poil hirsute. Il huma l'air, jeta un coup d'œil soupçonneux vers la jeune fille et d'une voix caverneuse : — ça sent la chair fraîche ici... — Et moi ? Ne suis-je pas fraîche ? — Je sens d'autres chairs... — Sans doute l'odeur des bêtes que tu as dévorées... Pour être sûr de ne pas traîner avec lui d'autres relents d'odeurs, l'ogre sortit, alla se curer les dents avec ses poutres. Puis il se lava dans ses deux bassins. Pendant ce temps, la jeune fille, pour couper court à toute discussion, était allée s'allonger sur son lit, non sans avoir dit à ses frères : «Prenez garde, car il est très rusé ! Il peut faire semblant de dormir et vous guetter. Mais moi je saurai quand il dormira vraiment. Tant qu'il sera éveillé, j'aurai les yeux fermés. S'il dort, je rouvrirai les yeux.» Lorsque l'ogre revint de sa toilette, il alla se coucher auprès d'elle. Il était fatigué de ses courses et se sentait gagné par le sommeil. Mais comme il craignait qu'elle ne profitât de son sommeil pour s'enfuir, il saisit la blonde chevelure dénouée sur l'oreiller et l'entortilla dans ses ongles et dans ses dents. Les jeunes gens surveillaient leur sœur de loin. Quand ils virent ses paupières s'entrouvrir, ils dirent à «Fileur-de-fils-de-soie-accrochés-au-cédrat» : «C'est ton tour pour montrer ce que tu sais faire !» Celui-ci intervint donc et, de sa main légère, il fit glisser au dehors, un à un, les cheveux de sa sœur emmêlés dans les griffes et les dents de l'ogre. (à suivre...)