Ombrage n Leur sœur Zahra était serviable, généreuse et obéissante. Ses parents, comme ses frères, l'adoraient. Ils ne laissaient personne lui tourner autour ! On raconte qu'autrefois vivait une famille composée du père, de la mère et de sept garçons. La mère, pour la dernière fois, se retrouve enceinte et tout le monde souhaite la naissance d'une fille. «Mon Dieu, priait la mère, tu m'as comblée, en me donnant sept garçons, qui m'assisteront dans mon vieil âge, maintenant, donne-moi une fille, qui m'entourera d'affection !» Dieu l'exauce et elle met au monde une fille. Les années passent. Zahra, est d'une beauté à couper le souffle. Sa peau est blanche comme le lait, ses yeux sont d'un noir de jais, ses joues sont pareilles à des pommes vermeilles et sa chevelure noire est si longue qu'elle pouvait la couvrir. Zahra associait, à la beauté, la bonté. Elle était serviable, généreuse et obéissante. Ses parents, comme ses frères l'adoraient. Ils ne laissaient personne l'approcher ! Les jours passaient et Zahra devenaient encore plus belle. Les prétendants se pressaient à sa porte, mais ses frères les chassaient. — Allez vous-en ! Notre sœur n'est pas à marier ! Zahra, elle-même, ne voulait pas se séparer de sa famille, bien que ses parents, eux, souhaitent qu'elle se marie et qu'elle fonde un foyer. Hélas, le père et la mère n'auront pas le bonheur de la voir mariée. Ils meurent avant. Zahra, en petite femme courageuse, s'occupe de ses frères. Elle fait le ménage, la cuisine, la lessive et trouve du temps pour cultiver le potager qui nourrit la famille. Puis ses frères se marient, mais elle reste toujours à leur service. Maintenant que ses frères ont des épouses pour s'occuper d'eux, elle voudrait bien que quelqu'un demande sa main, mais les prétendants ont gardé un mauvais souvenir des frères : personne n'ose venir la courtiser ! Même mariés, les frères continuent à aimer leur sœur et à la cajoler. — Zahra, tu te fatigues trop ! — Zahra, tu devrais te ménager… — Laisse nos femmes faire ce travail… Ils lui réservent les meilleurs morceaux et, quand ils partent en voyage, ils lui ramènent de belles robes. Ils en achètent aussi pour leur femme, mais ils laissent d'abord choisir leur sœur. — Sers-toi, d'abord ! Elle se sert la première, puis viennent ses belles-sœurs. En voyant l'empressement des frères à l'égard de Zahra, leurs épouses sont offensées. — Pourquoi est-ce elle qui doit toujours choisir ? — Parce qu'elle est notre sœur ! — Et nous, ne sommes-nous pas vos épouses ? N'avons-nous pas les mêmes droits qu'elle ? Ne pouvons-nous pas choisir avant elle ? Les frères répondent, dédaigneux. — Vous, nous pouvons vous répudier et changer d'épouses quand nous le voudrions, mais notre sœur est unique : nous n'avons plus de mère pour en enfanter une autre ! (à suivre...)