Chiffres n 10 046 kg de résine de cannabis, 319 014 comprimés de substances psychotropes, 7 772 g de cocaïne ont été saisis en 2006 par les différents services de sécurité, chiffres rendus publics par l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie. Durant le premier trimestre de l'année en cours, quelque 3 013 kg de résine de cannabis ont été saisis par la police dont 2 t 540 kg dans une opération menée à Oran durant le mois de janvier. Et 2 tonnes 180 kg dernièrement, en juillet à Oran. Mais qu'en est-il réellement de ces quantités effrayantes saisies régulièrement par les différents services de sécurité et rapportés illico presto par les médias ? Les raisons, selon le commissaire principal, sont d'abord, la position stratégique de l'Algérie qui se trouve prise entre les deux mâchoires de l'étau matérialisé par une zone de production qui est le Maroc voisin. Ce dernier produit 3 000 tonnes de haschisch par an soit 31% du total mondial et 80% de la consommation européenne. L'autre mâchoire de l'étau étant la zone de consommation représentée par le continent européen. «Le cannabis transite par notre pays. De 80 à 85% du produit saisi, destiné à l'étranger, a traversé le territoire national.» Cette vérité n'est un secret pour personne. Quant aux raisons du phénomène et les proportions inquiétantes qu'il a prises, le commissaire principal Kamel Tazerouti, chef du service central de lutte contre la drogue au sein de la police nationale, les explique par «l'installation de la digue de Gibraltar où des services de police mixte empêchent l'acheminement de la marchandise interdite directement vers l'Espagne à travers la mer. Les trafiquants se sont donc tournés vers la voie terrestre via l'Algérie. «Nous avons 1 200 km de côte, plus de 6 000 km de frontières terrestres et plus de 2,3 millions de km2 de superficie. Il est très difficile de contrôler tout le territoire national. Rendez-vous compte que pour couvrir la wilaya d'Alger dont la superficie avoisine les 273 km2 pendant les jeux africains, il a fallu plus de 20 000 policiers. Alors je vous laisse imaginer ce qu'il faut pour couvrir le pays tout entier.» Malgré les difficultés rencontrées par les différents services de sécurité pour lutter contre ce transit, il reste que les contrebandiers ont durement été touchés par les différentes prises opérées, ce qui les a conduits à choisir un autre itinéraire pour faire passer la drogue. «Un nouvel axe est tracé par les contrebandiers suite au travail efficace des services de sécurité. Avec la collaboration des terroristes et de quelques tribus targuies, les contrebandiers empruntent l'axe Algérie-Mauritanie-Niger et le Mali.» Cela dit, faut-il conclure que l'Algérie est en grand danger devant ce phénomène qu'est la drogue ? certes, les quantités de cannabis saisies sont énormes, mais il ne faut jamais prendre les chiffres pour ce qu'ils sont. Les statistiques ne peuvent être perçues à leur juste valeur, qu'une fois analysées et surtout comparées. En prenant l'exemple de l'Espagne, un autre pays voisin du royaume chérifien, les saisies opérées représentent la moitié du total mondial et plus de 75% de la consommation européenne selon un rapport de l'ONU. En 2005, les autorités espagnoles ont saisi plus de 670 tonnes de haschisch. Loin de minimiser la gravité de la situation, il reste qu'en comparaison, les chiffres présentés d'un côté comme de l'autre sont sans équivoque. Il y a un vrai danger, mais de là, à dire qu'il y a péril en la demeure…