Débat n Des chercheurs algériens et étrangers espèrent, au détour d'un séminaire à Alger, trouver les matériaux solides pour comprendre un phénomène de société aux conséquences évidentes. «La question des flux migratoires mérite d'être élucidée et analysée», ont clamé à l'unisson des chercheurs algériens et étrangers réunis depuis hier à l'Isgp de Bordj El-Kiffan, autour de la thématique des migrations. Le but étant de mettre à la disposition du champ de la recherche «des matériaux théoriques pour comprendre un phénomène social aux répercussions évidentes», a fait savoir le professeur Aïssa Kadri, directeur de l'Institut Maghreb-Europe, parrain officiel de ces journées d'étude. «Face aux nouvelles formes de migrations, nous espérons aider les jeunes doctorants des deux rives de la Méditerranée à améliorer leur travail de recherche et d'investigation», a-t-il expliqué. Comprendre ce qu'est véritablement «la diaspora», la problématique de «la représentativité», les «réseaux», passe inéluctablement, selon l'orateur, par l'idée de rendre accessible la compréhension de la complexité des «approches méthodologiques en matière de recherche», fera savoir M. Kadri. Celui-ci recommande d'ailleurs que «des analyses et des enquêtes soient menées immédiatement dans les pays des deux rives de nature à déterminer les causes objectives et les raisons de la migration». Et si faute de statistiques fiables, il est difficile de faire la classification des migrants, selon le professeur René Gallissot de l'Université Paris VIII, il est tout à fait clair, en revanche, selon le même intervenant, que «les nouvelles formes de migrations sont loin de ressembler dans la forme et dans le genre aux formes précédentes». Les chercheurs dans leur quête de travail scientifique devront dorénavant prendre en compte que les nouvelles formes de migrations «comprennent de plus en plus de diplômés, de plus de en plus de femmes qui émigrent seules et de plus en plus de mineurs», a-t-il énuméré. «J'ai été étonnamment surpris d'apprendre que des enfants de 11 ans, voire moins, sont internés dans des centres d'accueil en Espagne. On m'a expliqué d'ailleurs qu'ils ont quitté le Maroc seuls», est revenu M. Kadri à la charge. Sociologiquement, les candidats à la migration, vers les rives nord de la Méditerranée, se définissent par un profil nouveau. «Comparativement à l'ancienne génération composée essentiellement de paysans devenus dans leur terre d'accueil, une main d'œuvre bon marché, ceux qui partent durant ces dernières années, ont un capital culturel bien plus important», a expliqué, non sans argumentation, l'universitaire français. Le racisme, généralement «corollaire de tout ce qui a trait à l'immigration, surtout en ce qui concerne le monde professionnel», comme l'estime, pour sa part, l'italienne Anna Maria Rivera, de l'Université de Bari, se taillera la part du lion dans la dissection du phénomène des migrations durant ces journées scientifiques qui s'étaleront jusqu'au 9 novembre prochain.