Régression La production de tapis traditionnels, qui a toujours fait la réputation de la ville, a subi de plein fouet les répercussions négatives du développement de l'industrie manufacturière. La tapisserie, l'une des ressources économiques vitales pour des milliers de familles, a connu une baisse drastique d'approvisionnement en matière première et a perdu sa précieuse main d'?uvre spécialisée, féminine particulièrement. La tapisserie artisanale constituait pour la plupart des jeunes filles, à l'époque, «l'école de leur vie», a estimé une ancienne apprentie sur métier à tisser. Dès son jeune âge, la Tlemcénienne devait se familiariser avec le métier à tisser et «en faire une profession». Cependant, cette main d'?uvre, issue généralement des milieux défavorisés, était sous-rémunérée par rapport au travail fourni et aux profits réalisés par les maîtres de la profession. Le colon français, conscient de la rentabilité de cette industrie juteuse, décida de la prendre en main en optant pour la production à grandes cadences, que seule l'introduction des équipements modernes pouvait garantir. C'est ainsi que la tapisserie fut destinée à l'exportation vers la métropole. La tapisserie, c'était aussi le gagne-pain de centaines de familles tlemcéniennes qui disposaient dans leurs foyers de métiers à tisser. Cette activité artisanale constitua aussi le noyau d'une intense activité commerciale et d'échange et contribua à garantir les moyens de subsistance de toute une population. Après l'indépendance, l'artisanat est devenu florissant à la faveur de l'abondance d'une main d'?uvre jeune et qualifiée, recrutée à bon marché après un passage dans les établissements scolaires et de formation. Le déclin des métiers à tisser ne tarda pas à se produire, avec l'avènement de la révolution industrielle. Ce dépérissement s'explique par le phénomène de l'industrialisation ayant donné naissance à de nombreuses industries, notamment celle du textile, qui a fait appel à une masse de main d'?uvre non qualifiée. Le rendement a nettement régressé du fait des aléas socio-économiques puisque la production de la wilaya de Tlemcen était estimée, en 1949, a 50 100 unités ; elle devait ensuite atteindre 27 171 unités en 1962. En 1987, la production de tapis a nettement baissé, atteignant 109 unités, son plus bas niveau de production, selon les statistiques. Le mode de gestion des coopératives de tissage a été l?autre facteur ayant provoqué la régression de la production artisanale.