Moyens n L'impact financier du plan national de lutte contre le cancer est de 30 milliards de dinars dont près de la moitié consacrée aux produits pharmaceutiques. Il est clair que la mortalité due au cancer est excessivement élevée. Peu de personnes atteintes ont des chances de vivre encore longtemps ou encore moins de guérir de l'affection. Les causes en sont largement identifiées aujourd'hui. D'abord à cause du diagnostic qui se fait le plus souvent tardivement. Les intervenants dans le domaine s'accordent à dire qu'un cancer qui n'est pas détecté à un stade utile (c'est-à-dire au tout début de la maladie) a très peu de chances d'être vaincu. D'où la nécessité de mener des dépistages qui permettent de réduire la mortalité par le cancer du sein de 30% et par le cancer du col de l'utérus de 90%. Viennent, ensuite, le coût extrêmement élevé de la prise en charge et le manque de médicaments, de matériels et d'infrastructures adéquates et suffisantes. A cela s'ajoute la quasi-absence de sensibilisation et de lutte contre certains comportements comme le tabagisme qui, comme cité précédemment, est responsable d'une grande partie des cancers diagnostiqués annuellement. Autrement dit, le cancer d'une manière générale et la mortalité qui en découle, «n'est pas une fatalité», affirme le Dr Ameur Soltane, chirurgien thoracique au CHU Mustapha-Pacha et président de l'Association algérienne de l'oncologie thoracique. Bien des cancers peuvent être évités et bien des personnes atteintes peuvent être sauvées. C'est fortes de cette conviction et dans le but de mettre fin à «l'hécatombe», que les autorités ont décidé de mettre en place un plan national du cancer, comme cela se fait dans les pays avancés. Le plan en question, élaboré par différents intervenants (praticiens, chercheurs…), a été présenté en juin, l'année dernière. S'étalant sur quatre ans, le plan s'est fixé comme objectif de réduire sensiblement, d'ici à cinq ans, le taux de mortalité, de morbidité et d'incapacité prématurées liées aux cancers. La stratégie adoptée s'articule essentiellement autour du renforcement des moyens «matériels» de lutte contre la maladie sous toutes ses formes. Autrement dit, la multiplication des structures spécialisées pour une meilleure prise en charge des malades et la disponibilité du médicament et du matériel nécessaire au niveau des structures de santé ainsi que la rénovation de celui déjà existant. C'est ainsi que les autorités ont inscrit au programme la construction de 15 Centres anticancer (CAC), dont un pédiatrique, répartis à travers tout le territoire national. L'intégration des structures privées, dont une à Blida et une autre à Alger, est aussi prévue par ce plan. L'opération doit être couronnée par la création d'un institut national de lutte contre le cancer. L'enveloppe financière, consacrée au plan, est de 30 milliards de dinars dont une partie importante consacrée au médicament. L'amélioration de la prise en charge des malades figure aussi parmi les priorités du plan qui prévoit une prise en charge organisée en trois niveaux, à savoir la prévention, le dépistage, les soins de proximité et les soins spécialisés, qui seront mis en réseau. De même que l'accès aux antidouleur, jusque-là disponibles seulement à Alger et que les malades devraient trouver au niveau de toutes les structures spécialisées. La conception du plan a été dictée par les différentes carences constatées par les praticiens sur le terrain, notamment la surcharge des structures qui fait que les patients se retrouvaient parfois à 4 par lit pour effectuer une séance de chimiothérapie qui nécessite pourtant certaines conditions d'hygiène et, surtout, la rareté et la cherté du médicament parfois inaccessible pour de nombreux malades.