Stratégie n En France, le dépistage précoce du cancer du sein a ramené le taux d'incidence de cette maladie de 32 à 19%. L'enveloppe consacrée au plan de lutte contre le cancer est conséquente : 30 milliards de dinars, soit environ un demi-milliard de dollars destinés essentiellement au renforcement des infrastructures spécialisées et à l'acquisition et la rénovation du matériel nécessaire. Mais le plan ne focalise pas que sur le côté matériel puisqu'il y est également prévu des mesures pour renforcer la prévention et le dépistage notamment pour le cancer du sein et celui du col de l'utérus. Or, c'est là que réside l'un des principaux griefs retenus par les spécialistes contre le plan. Selon eux, le volet prévention et dépistage a été quelque peu relégué au second plan au moment où il constitue la pierre angulaire des plans de cancer adoptés dans les pays avancés. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent pour illustrer cet état de fait. Selon le Dr Ameur, Soltane, le tabagisme, à lui seul, est responsable d'environ 40% des cancers. Car il n'y a pas que le cancer du poumon qui est dû à la consommation de tabac mais aussi certains cancers de la vessie, du rein, de la cavité buccale, du pharynx, de l'œsophage, de l'estomac, voire du col de l'utérus. Le nombre de cancers diminuerait par conséquent sensiblement si une véritable politique de lutte contre le tabagisme actif et passif était mise en place par les pouvoirs publics. Combien seraient-ils, en effet, à éviter le cancer du poumon s'ils étaient assez sensibilisés sur les dangers mortels de la cigarette ? «La prévention présente un triple intérêt : elle permet d'éliminer les facteurs de risque, d'éradiquer les lésions cancéreuses et d'améliorer la prise en charge du patient par un diagnostic précoce», affirme, pour sa part, le Dr Azzouz au cours des journées médicales du secteur sanitaire de Zeralda, tenues récemment. Le chirurgien déplore «l'absence d'une politique préventive» qui se traduit par le fait que le diagnostic est, «dans 90% des cas, tardif et donc inutile». Autrement dit, à un stade avancé de la maladie, la prise en charge est lourde et les résultats du traitement sont discutables. L'objectif principal du diagnostic précoce permet d'estimer le stade du cancer, afin d'établir la thérapie adéquate et le dépistage doit se faire à la base, c'est-à-dire au niveau du médecin généraliste, le médecin spécialiste devant rester le dernier maillon de la chaîne. En France, un pays où la mise en place de plans de cancer est une longue tradition, le dépistage précoce du cancer du sein a ramené le taux d'incidence du cancer du sein de 32 à 19%. Ce qui n'est hélas pas le cas dans notre pays où le cancer du sein est en nette augmentation, passant de 9,6 cas pour 100 000 habitants en 2003, à 19,44 cas/100 000 habitants en 2005. Pour le Dr Ameur Soltane, il est prouvé que la gravité d'un cancer du poumon augmente en fonction du temps d'évolution et donc de son évolution anatomique expliquant que si l'on peut espérer des taux de survie à cinq ans de plus de 80% sur certains cancers du poumon débutant, cet espoir tombe rapidement à 0% quand il a évolué. Il existe donc, selon lui, un gain en termes de survie lorsque le diagnostic est fait à un stade utile. Le chirurgien tire la sonnette d'alarme d'autant que «les taux de fumeurs chez les préadolescents et adolescents semblent catastrophiques et en constante augmentation depuis au moins deux décennies. Sans parler des problèmes liés à l'amiante, à la pollution atmosphérique ou au radon».