Embarras n Jamais depuis son élection, il y a six mois, le président Nicolas Sarkozy n'a été confronté à un tel mouvement de contestation de sa politique de «rupture» et de réformes. Des centaines de milliers de fonctionnaires ont cessé le travail ce mardi en France et rejoint les cheminots en grève depuis une semaine, marquant un pic dans la contestation des mesures sociales que le président Nicolas Sarkozy juge indispensables pour réformer le pays. Cette journée de grève et de manifestations, à laquelle s'ajoute la poursuite de la contestation étudiante, s'annonçait très suivie au 7e jour d'un conflit qui a paralysé en partie les chemins de fer et les transports parisiens, entravant les déplacements de millions de Français. Les syndicats veulent notamment créer un rapport de force favorable avant l'ouverture de négociations, prévues demain, dans les transports. Le gouvernement qui chiffre le coût de la grève à plus de 300 millions d'euros par jour, espère que ce «mardi noir» marquera le point culminant du conflit sans déboucher sur un élargissement de la contestation. Ce mardi, le trafic à la Sncf (chemins de fer) restait très perturbé, avec environ un TGV sur deux, comme celui des bus, métros et lignes de trains des banlieues de la région parisienne. Rejoignant les cheminots, tous les syndicats de fonctionnaires ont appelé à un jour de grève. 65% des enseignants étaient en grève, selon leur principal syndicat, de nombreuses écoles étaient fermées. Les journaux étaient absents des kiosques. Des retards de vols de 30 à 45 minutes touchaient les aéroports parisiens de Roissy et d'Orly. Des manifestations étaient prévues dans la journée dans toute la France. Cheminots et fonctionnaires avancent des revendications différentes. Les premiers protestent contre la réforme des régimes spéciaux de retraite, mesure phare de la volonté de «rupture» de M. Sarkozy. Les fonctionnaires (5,2 millions de personnes) manifestent contre les réductions d'effectifs (22 900 postes supprimés en 2008, la moitié dans l'éducation) et réclament une hausse des salaires, alors que l'amélioration du pouvoir d'achat était une autre idée forte du programme électoral de M. Sarkozy. Dans ce contexte l'augmentation récente évaluée à 140% du traitement du président Sarkozy est mal passée. Une majorité de Français (53% selon un récent sondage) soutient ce mouvement, qui peut aggraver les mécontentements car l'opinion est de plus en plus inquiète de la hausse des prix alimentaires, de l'essence ou des loyers. A l'inverse, la grève dans les transports est impopulaire et le Premier ministre François Fillon a réaffirmé ce mardi qu'il «ne céderait pas», martelant que le pouvoir avait «un mandat» des électeurs pour réformer. Le gouvernement, a-t-il dit, «ne bougera pas sur les principes» de la réforme prévoyant un allongement de la durée des cotisations de 37,5 à 40 ans pour aligner les régimes spéciaux (concernant 500 000 personnes) sur les autres. L'agitation touche aussi les universités, où la moitié des 85 universités sont perturbées ou bloquées par des étudiants protestant contre une loi d'autonomie qui conduira, selon eux, à une «privatisation» de l'enseignement supérieur.