Mobilisés sur la défense de l'emploi et pour une amélioration du pouvoir d'achat, des centaines de milliers de fonctionnaires ont fait grève hier en France, aggravant les perturbations dans le secteur public au septième jour d'un arrêt de travail dans les transports. Mardi noir pour Sarkozy dont l'indice de confiance a chuté dans les sondages. La France a fait grève : plus de cinq millions d'agents des services publics ont battu le pavé pour revendiquer leur attachement au modèle social français. À la grogne dans la fonction publique, s'ajoute une contestation des étudiants, qui bloquent une trentaine d'universités et qui se sont joints, avec des lycéens, aux défilés des fonctionnaires. Les contrôleurs aériens et la CGT d'Air France ayant aussi appelé à la grève, des perturbations sur le trafic sont survenues aux aéroports de Roissy Charles-de-Gaulle et d'Orly. À EDF, où la CGT avait appelé à effectuer des baisses de charge, celles-ci sont intervenues. Après un silence inhabituel d'une semaine, Sarkozy a déclaré ne pas céder et ne pas reculer face à son premier conflit social d'envergure, invitant les syndicats à terminer leur grève. En réalité, Sarkozy a lâché du mou, lui qui a juré de réformer la France, même au forceps. À partir d'aujourd'hui débuteront les tripartites (syndicats-patronat-managers d'entreprises publiques et représentants du gouvernement) sur les salaires et les départs à la retraite. Les entreprises publiques vont mettre la main à la poche, elles ont eu l'aval du gouvernement, peu importe les déficits. Même les fonctionnaires auront des augmentations. Sarkozy souhaite clore le dossier de l'agitation sociale avant son départ pour la Chine samedi prochain. Le président français avait compté sur la lassitude des grévistes mais surtout sur une réaction des usagers du rail et du métro, qui depuis une semaine vivent des difficultés à se déplacer ou à se rendre à leur travail. Mais son scénario a fait chou blanc. Si les cheminots et les salariés du métro s'opposent à la réforme de leur régime spécial de retraite, les enseignants, agents hospitaliers, fonctionnaires territoriaux et employés des impôts protestent contre la réduction des effectifs et la baisse qu'ils disent constater dans leur pouvoir d'achat. Des difficultés que le ministre du Budget et de la Fonction publique, Eric Woerth, a en partie admises. Les fonctionnaires ne gagnent pas très bien leur vie, a-t-il dit, soulignant qu'ils doivent changer, se moderniser et accepter qu'ils puissent être moins nombreux. Près de 23 000 suppressions d'emploi dans la fonction publique sont prévues au budget 2008. L'opposition se frotte les mains, notamment les socialistes dont le chef Hollande a sauté sur l'occasion pour essayer de rebondir sur la baisse du pouvoir d'achat, au centre des revendications des grévistes D. Bouatta