Selon le professeur Jean-Michel Ekherian, les sidéens décèdent dans un tableau de dénutrition importante. Décharnés et grabataires, ils subissent une mort atroce et succombent à de multiples cancers, dont le sarcome de Kaposi ou d?un envahissement du système nerveux central. Même si, selon les médecins, la prise en charge des malades a nettement évolué en Algérie depuis 1996, beaucoup d?insuffisances sont constatées chaque jour et le traitement du sida reste incomplet et très en retard par rapport aux dernières découvertes et nouveaux médicaments proposés en Europe et qui sont moins contraignants et mois désagréables. En effet, les lacunes médicales sont énormes, en particulier durant la phase finale, où le malade nécessite une prise en charge lourde et multidisciplinaire : réanimateur, infectiologue, cardiologue? , qui doivent être en état d?alerte pour intervenir à tout moment. «Nous ne pouvons pas assumer toutes ces tâches, ces disciplines manquent à notre service «, affirme le docteur Aïssi, médecin à l?hôpital d?El-Kettar. «Nous souffrons également d?un manque de coordination entre les différents services. À titre d?exemple, si un sidéen souffre d?une rage de dent ou a besoin d?être ausculté ou de faire une fibroscopie?, les autres services refusent, par peur de couvrir ces besoins même urgents. Ils craignent que leur matériel de soins ne soit infecté, alors qu?une stérilisation ordinaire, même a l?eau de Javel, suffit largement. Le sidéen est une personne normale, ce n?est pas un monstre.» Les malades souffrent énormément. Certains, dont le corps rejette le traitement médical prescrit, ne peuvent recevoir un traitement de substitution et restent sans prise en charge, et ce, jusqu?à la mort puisque l?Algérie n?a pu importer que six molécules. Les médicaments sont chers, soit six genres différents seulement.