Réalité n Nos maçons (sans formation pour la majorité), et faute de moyens modernes, utilisent toujours des procédés traditionnels dans leur profession. Dans les dizaines de chantiers de la ville d'El- Achour, au sud d'Alger, qui connaît une énorme explosion immobilière, les ouvriers algériens sont ici en groupe. Première remarque, aucun ne porte un casque de sécurité. Leurs moyens de travail sont des plus ordinaires, pour ne pas dire archaïques : pelles, brouettes, taloches, niveau, fil à plomb, scie à métaux (pas de grues, pas de monte-charge, pas de bétonnières, pas de tronçonneuses). Jusque-là rien d'extraordinaire. Mais lorsqu'on sait que le projet en voie de réalisation est un gigantesque supermarché de 12 étages, on a le droit de se poser des questions sur la qualité du travail, sa rapidité et la sécurité des ouvriers. Le bâtiment en question appartient pourtant à un grand entrepreneur algérien. «D'abord nous ne savons pas utiliser le nouvel outillage car nous n'avons pas une formation adaptée», souligne un maçon quinquagénaire dans ce chantier. Une autre raison plus importante. «L'entrepreneur algérien ne veut pas utiliser les nouvelles technologies et les engins et instruments modernes. Il n'a pas encore l'esprit compétitif et d'investissement. Même s'il sait très bien que l'introduction des nouvelles technologies lui ferait gagner du temps et donc de l'argent», explique M. Rachid ingénieur dans un bureau d'études à El-Achour. Les jeunes maçons qui ont, pour la majorité, appris le métier sur le tas autrement dit sans passer par un centre de formation, disent qu'ils n'ont jamais entendu parler du béton montant (blocs de béton collés avant leur installation). «Pour moi, je ne connais que la pelle et le marteau», souligne un jeune maçon de 27 ans. Dans la même ville et dans un autre chantier de l'Aadl, des ouvriers chinois sont ici depuis 2 ans. Surprise ! Leurs méthodes de travail ne diffèrent en rien de celles des Algériens à un détail près : eux au moins, portent des casques de sécurité. Mais leurs engins sont aussi vieux que ceux des Algériens. Des brouettes (made in China), une sorte de pousse-pousse avec deux grandes roues qui nous rappelle l'ère de l'empire chinois. Ici, un maçon chinois s'affaire à crépir un mur avec une taloche usée ! Son ouvrier qui préparait le béton, le faisait avec une pelle au manche à moitié cassé ! «Leurs méthodes ne sont diffèrent en rien des nôtres ! Ils ont seulement la réputation d'être plus qualifiés, rien de tout cela !» explique Omar.