Doléances n Employés dans le cadre des dispositifs du filet social ou de l'emploi de jeunes, des milliers de citoyens s'impatientent et demandent que les autorités concernées interviennent pour une confirmation dans leur poste. Ils se lèvent chaque matin et se rendent vers leur lieu de travail, ou plutôt lieu d' occupation temporaire. Visiblement comme tous les employés, ils déploient des efforts et reçoivent une rémunération en contrepartie. Mais ces gens-là ne sont pas dans la même situation que leurs «collègues». La raison est toute simple ; ils ne sont pas recrutés officiellement. A chaque fois qu'ils demandent à être confirmés à leur poste, les responsables répondent par un aveu d'impuissance et imputent cela à l'indisponibilité de postes budgétaires. «Le ministère n'a pas prévu de nouveaux postes budgétaires dans ce secteur. Attendez les prochaines décisions, vous serez, peut-être, confirmés…», répliquent les directeurs d'établissements ou responsables d'administrations. En acceptant de travailler dans le cadre des «misérables» dispositifs du filet social ou de l'emploi de jeunes, ces citoyens, dont un bon nombre sont pourtant «munis» de diplômes universitaires, aspiraient à «arracher» un emploi permanent quelques années plus tard. «La période du filet social semble s'éterniser et mes déceptions se poursuivent. J'en ai marre de cette incertitude. Si on n'a pas besoin de nous, qu'on nous le signifie clairement. Sinon, qu'on nous permanise et qu'on nous paye comme les autres fonctionnaires», s'indigne Salim, 28 ans, qui entame sa cinquième année dans le cadre de l'emploi de jeunes. «Je crains de devenir vieux et qu'on continue toujours de me considérer jeune», lâche-t-il, désespéré. Lui qui est pourtant titulaire d'une licence en sciences juridiques et administratives continue à délivrer les documents de l' état-civil à l'APC de Bordj El-Kiffan pour une rémunération de moins de 4 000 DA. Ses amis qui ont opté pour le commerce informel, se sont fait de l'argent, se sont mariés, ont acquis des voitures… Frappé par une navrante désillusion, notre interlocuteur dit regretter d'avoir cru aux promesses des autorités et compte changer d'activité s'il n'est pas recruté au début de l'année prochaine. Djamila est une autre «victime» des promesses de recrutement dans l'administration publique. Elle est diplômée en sciences commerciales et occupe, depuis plus de huit ans, un poste, ou plutôt une chaise, dans le service des affaires sociales à l'Apc de Kouba. «J'ai demandé aux responsables de me confirmer à mon poste, mais ils réitèrent, à chaque fois, l'argument de l'indisponibilité de postes budgétaires. Il est inconcevable qu'en huit ans, il n'y ait pas eu l'ouverture d'un poste budgétaire dans un service aussi important», déplore-t-elle. «Je travaille parfois plus que les employés confirmés, mais leur salaire est le double du mien… c'est de l'injustice», tempête notre interlocutrice qui s'est retrouvée contrainte de servir dans un salon de coiffure pour dames, le soir, afin d'arrondir ses fins de mois. Cette catégorie de citoyens, nombreux, ne demandent qu'à en finir avec l' expectative et la précarité auxquelles ils sont soumis.