Fantôme Catherine aurait hanté les lieux à différentes époques avec plus ou moins de férocité. Zahia ouvre à grand-peine ses yeux, tant ses paupières sont lourdes. Elle ne comprend pas tout de suite ce qui lui arrive. Bien qu?elle ne présente sur le moment aucune douleur au niveau de quelque partie de son corps, malgré tous les bandages qui enveloppent son cou, le haut de sa poitrine et tout son bras gauche. Elle se rend petit à petit compte qu?elle a subi un traumatisme grave et la mémoire commence à lui revenir. Cet effort mental la soulève tout entière et une frayeur incontrôlable la submerge, alors. Elle a été victime d?un terrible accident? Dans sa minuscule chambre de l?hôpital Ibn Rochd de Souk-Ahras, Zahia se rappelle cette soirée maudite durant laquelle elle a été happée et broyée par une force invisible, une entité malfaisante dont elle ne sait rien, mais qui lui a manifesté une haine insondable, allant jusqu?à l?ébouillanter avec un chaudron, la mettant en danger de mort. La malheureuse jeune femme vivait à l?intérieur d?une brigade de la Gendarmerie nationale à Mechroha, un village situé à une vingtaine de kilomètres de Souk-Ahras. Son voisinage n?avait que respect et considération pour elle, bien qu?elle fût l?épouse d?un sous-officier du «dark» qui ne passait pas pour un tendre, l?adjudant K. Elle avait, certes, été avertie d?une présence surnaturelle dans le vaste département qu?elle occupait avec son époux et leurs trois enfants. Les femmes de la communauté racontaient des histoires invraisemblables peuplées de fantômes et de génies taquins. L?épouse du sergent-chef B. était comme obnubilée par une certaine Catherine, le spectre d?une vieille habitante de l?immeuble qui fait aujourd?hui office du siège de la brigade de gendarmerie. Une habitante d?origine française qui aurait passé toute sa vie dans cette bâtisse et qui y serait décédée vers la fin des années 1950, semble-t-il. Catherine, puisqu?il est convenu de l?appeler ainsi dans le village et même à Souk-Ahras, aurait hanté les lieux à différentes époques avec plus ou moins de férocité. Ne raconte-t-on pas qu?elle avait, à force d?insistance, réussi à faire déménager un chef de brigade dont les filles âgées de 16 et 18 ans avaient témoigné d?événements étranges qui les auraient marquées à vie. (à suivre...)