Prétention n «Al-Jazeera essaie de donner l'impression d'être le redresseur de torts de tout ce que font les médias occidentaux», selon un spécialiste de la communication. La chaîne satellitaire qatarienne Al-Jazeera continue d'essuyer des critiques acerbes après le «sondage» qu'elle a réalisé sur son site Internet à propos des deux attentats commis à Alger le 11 décembre dernier. Cette nouvelle «sortie» est qualifiée de «coup d'éclat médiatique», par Mohamed Bensalah, spécialiste dans le domaine de la communication au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc). L'invité, ce matin, de la rédaction de la Chaîne III ne se fait pas d'illusion : «Nous assistons encore fois à un coup d'éclat médiatique.» Il s'explique : «Nous sommes avec une chaîne professionnelle, performante. Je ne pense pas qu'une chaîne telle que celle-là puisse se permettre de faire de faux pas et surtout qu'en corrigeant le tir, tout de suite après, les responsables nous donnent l'impression qu'ils sont encore en train d'enfoncer le clou parce que c'est une forme de scoop qui est importante pour la chaîne.» A qui profite ce «jeu médiatique ?» Le chercheur tente une analyse : «Je pense que nous avons affaire à une sorte de nébuleuse. Nébuleuse par rapport aux émissions, au contenu, au financement, par rapport à la genèse de cette chaîne qui peut, dans une certaine mesure, déterminer et voir un peu qui est dernière. Je crois qu'au départ, on peut se dire que la chaîne aujourd'hui jette le trouble dans les esprits malléables et qu'il y a un risque de contamination. Cette contamination s'adresse à nous, c'est-à-dire qu'elle nous donne l'impression, elle nous offre l'image de nous-mêmes, une image dévalorisée. Cette image dévalorisée est bonne actuellement pour l'opinion internationale.» Conclusion du chercheur : «On est encore en train de perpétuer ces schémas éculés de l'époque coloniale en se servant justement des médias.» Selon M. Bensalah, Al-Jazeera et «ceux pour qui elle parle» tentent d'installer la terreur au niveau de l'opinion arabe et de l'opinion internationale. «Elle fait dans le sensationnalisme, à défaut de faire correctement son métier. Elle dramatise à l'excès, crée de faux scoops», observe-t-on. Les dénonciations de ces «dérives» ne suffisent plus. «S'il faut lutter contre cette chaîne, il faut se placer au niveau du civisme de l'information, et cela dépasse l'Algérie. C'est-à-dire qu'il faudrait non seulement dénoncer, mais ne pas se limiter à des délectations en se basant sur un sondage complètement débile. Je crois qu'il faut trouver des stratégies adéquates pour riposter d'une manière intellectuelle et éclairée à toutes ces agressions.» La tâche est d'autant plus difficile au regard de l'objectif que se donne cette chaîne : «Al-Jazeera essaie de donner l'impression d'être le redresseur des torts de tout ce que font les médias occidentaux.»