La manière avec laquelle la chaîne de télévision Al Jazeera a choisi de traiter l'information a été décryptée, hier, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale par M. Mohamed Ben Salah, expert en communication. Ce dernier a souligné très particulièrement que "nous assistons encore une fois à un coup d'éclat médiatique parce que nous sommes en face d'une chaîne qui utilise le professionnel et qui est une chaîne performante. Je ne pense pas qu'une telle chaîne puisse se permettre de faire des faux pas. Les responsables donnent l'impression qu'ils sont en train d'enfoncer le clou". Il croit que les professionnels de l'information ne sont pas surpris par cette énième manœuvre. "Je ne pense pas qu'il faille parler de dérives professionnelles ou de dérapages, c'est un acte prémidité". M. Ben Salah estime que cette sortie n'en est pas une. "Quand on regarde cette émission, on voit que les choses sont bien installées avec un choix des invités bien spécifique. Ce choix d'invités détermine donc la voie à suivre. Nous avons une diffusion systématique et minutieusement organisée de cassettes d'enregistrement dans les maquis terroristes. Nous avons quasiment des menus quotidiens, et surtout, la chaîne essaie de donner l'impression de se dégager, d'être une sorte de redresseur des torts". De son point de vue, Al Jazeera fait dans la provocation et la surenchère dans ce jeu médiatique. "Je pense que nous avons affaire à une sorte de nébuleuse par rapport aux émissions, par rapport au contenu, au financement de cette chaîne et qui peut dans une certaine mesure nous permettre de déterminer et voir qui est derrière tout ceci". Dans ce sens, M. Ben Salah pense que la chaîne fait dans la contamination des esprits. "Cette contamination s'adresse d'abord à nous, c'est-à-dire qu'elle nous donne l'impression, elle nous offre une image de nous-mêmes, une image qui est dévalorisée. Cette image dévalorisée, est bonne pour l'opinion internationale pour désorienter ce monde arabo-musulman. C'est comme à l'époque où il fallait coloniser les peuples. On est en train de perpétuer ces schémas de l'époque coloniale en se servant justement de médias". Il considère qu'à partir du moment où l'on donne une image dévalorisée, c'est déjà une forme de manipulation de la chaîne qatarie. "Cette manière de jeter le trouble, il ne faut pas l'oublier, ne date pas d'aujourd'hui. Il y a eu des précédents". Il rappelle qu'à un moment donné, la chaîne a justifié l'assassinat des deux diplomates algériens. Nous avions réagi. Mais aujourd'hui, il faut trouver une autre forme de réaction. Il faut aller au-delà de la dénonciation. Pour lui, la chaîne en question fait l'apologie du "crime. Le crime islamiste. Cela ne date pas du 11 décembre chez nous. Les dérives se sont multipliées. Et donc, ceux qui en tirent les ficelles sont ceux pour qui en parle". Qui intervient dans Al Jazeera ? On sait très bien que les responsables des assassinats et des massacres défilent dans les studios d'Al Jazeera, Oussama Ben Laden, Aymane Ezawahiri sont omniprésents. Ils dictent leur idéologie et proposent des images. Ils s'attellent à la déstabilisation, c'est-à-dire à installer la terreur au niveau de l'opinion arabe et de l'opinion internationale. C'est une manière de dire aussi que cette chaîne fait dans l'apologie du crime.