Les archives nationales sont conservées dans des centres à travers plusieurs pays du monde sans que l'Algérie dispose de copies de ces documents ou qu'elle en demande leur restitution. L'Algérie ne s'occupe pas à entretenir sa mémoire. Ses archives sont conservées dans des centres aux USA, en France, en Turquie, en Syrie, en Egypte et en Angleterre notamment. Des documents originaux dont l'Algérie n'a même pas de copies. Cette situation a fait l'objet d'une conférence donnée au forum du quotidien gouvernemental El-Moudjahid par, entre autres, Fatma-Zohra Benbraham, avocate et porte-parole de l'instance pour la décolonisation de l'histoire algéro-française. Evoquant la période ottomane, allant du XIVe au XIXe siècle, la conférencière affirme : «Toutes les archives algériennes sont en Amériques et à Istanbul.» Les archives de l'époque, explique-t-elle, se sont retrouvaient aux Etats-Unis à la suite d'une convention signée entre les deux parties. Des documents originaux sur les relations diplomatiques entre l'Algérie et le pays de l'oncle Sam sont ainsi archivés au-delà de l'océan. L'on se souvient, au lendemain de la mise entre parenthèses du traité d'amitié algéro-français, en 2006, quand le ministre algérien chargé des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, a été reçu par Condoleezza Rice qui lui a remis l'original du traité d'amitié paraphé par les Etats-Unis et l'Algérie à la fin du XVIIIe siècle. Selon Benbraham, la Turquie, qui a conduit l'ancien empire ottoman, est prête à remettre ses documents à qui de droit. «Il suffit seulement qu'il y ait une volonté politique de la part de nos officiels», affirme-t-elle. Si la Turquie affiche une disponibilité à restituer les manuscrits, ce n'est pas du tout le cas de la France. Une grande partie de l'archive de l'état civil des Algériens a été transférée vers l'Hexagone après 1962. La France met des barrières juridiques pour limiter la consultation de ces documents mêmes pour les chercheurs. Des documents qui ne seront versés au domaine public que dans une période de 100 ans, selon une loi promulguée en 1979. Une clause qui porte préjudice à l'écriture de l'histoire nationale, fait-on remarquer. « C'est à partir des archives disponibles qu'on peut reconstruire l'histoire et agir en vue de réparations», indique l'avocate. «Il est impératif que l'Algérie fasse quelque chose de manière à se doter des mêmes archives», insiste la conférencière qui rappelle que «la nation qui ne connaît pas son histoire ne sait pas où aller». Intervenant dans le même cadre, Abdelkader Bousselham, ancien ambassadeur, a axé sa communication sur les difficultés faites aux chercheurs d'accéder aux archives qui existent en Algérie. «Aucun chercheur ne peut disposer d'éléments fiables de sources algériennes», avance-t-il. Le problème, précise-t-il, est qu'on écrit des pans entier de l'histoire algérienne, depuis l'antiquité, en s'appuyant sur des archives américaines, anglaises ou françaises.