Manifestation n Que faut-il retenir de l'année 2007, sachant qu'elle est placée, au plan culturel, sous le signe de «Alger, capitale de la culture arabe» ? Il est vrai que cet événement a été continuellement décrié par certains observateurs, parce qu'il comportait des lacunes dans la façon dont il a été pensé et géré. La programmation s'est révélée certes dense, mais improvisée et parfois opaque et biscornue. Ainsi, la quantité l'a emporté sur la qualité. Il est à déplorer l'absence d'une politique pratique visant à conduire d'une façon convaincante et rentable cette gigantesque action culturelle. A défaut alors d'une feuille de route lisible et méthodique, force est de constater que la programmation a été de fortune. Hormis les grands rendez-vous comme certaines expositions ou certains colloques, l'événement a fait voir plutôt une culture de pacotille, ancrée dans un folklorisme frustrant : les semaines culturelles nationales comme arabes se sont révélées creuses et sans aucun intérêt créatif ou intellectuel. Il s'agissait de représentations culturelles sélectives, officielles, standards et figées dans une forme et attitude commune. Par ailleurs, plusieurs manifestations inscrites initialement dans l'agenda annuel des institutions culturelles (bibliothèque nationale , musées…) ont été récupérées par la commission chargée de l'événement, en contrepartie de les prendre en charge au plan financier. Cela a été aussi le cas pour le cinéma, les festivals et les salles de spectacles. Tout spectacle ou projection devant se faire dans une salle, devait infailliblement porter le logo de l'événement. Certaines activités initiées par les institutions culturelles étrangères, à l'exemple du Centre culturel français ou de l'Institut culturel italien, ont été également placées sous le signe de «Alger, capitale de la culture arabe». Ainsi, des concerts de jazz ou des récitals de musique symphonique ou universelle se sont révélés, à la surprise du public, des référents représentatifs de la culture arabe. Quant à l'institut Cervantès, il a jugé préférable de s'associer bonnement à l'événement, sachant que l'Espagne et le monde arabe partagent un même héritage culturel et historique. Mais il ne faut surtout pas s'enfermer dans un négativisme défaitiste, se convaincre que la manifestation a été un total fiasco serait faire preuve de mauvaise foi. Quelques bonnes réalisations sont à relever, à savoir la création de deux musées, celui de la meilleure miniature, d'enluminure et de calligraphie, et celui d'art moderne. Outres ces deux louables initiatives entreprises par le ministère de la Culture qui sont de véritables événements culturels, force est de constater la dynamique enclenchée par le théâtre national. Cette action a permis au théâtre, longtemps marqué par une atonie, de se relever et d'entreprendre sa propre renaissance. Il se trouve même que c'est le seul secteur ayant connu une réelle dynamique et de grandes performances. Quelques rencontres importantes (séminaires ou colloques) et expositions (l'Age d'or des sciences arabes, l'Art arabe moderne…) sont à enregistrer également. S'agissant enfin du volet édition, même si les livres édités à cette occasion s'avèrent, pour la plupart, des rééditions, ou bien des livres traduits du français vers l'arabe, cela a réanimé quelque peu le secteur.Le secteur du cinéma et de l'audiovisuel, quant à lui, a connu certes une certaine dynamique, mais il reste beaucoup à faire. Car l'on est toujours plus dans la quantité que dans la qualité. Pour ce qui concerne le volet musical, hormis les festivals voués à cela, il n'y a pas eu de projets réfléchis menés de manière à créer un réel entrain. En somme, cette première expérience a été mitigée et aurait certainement gagné en coordination entre les services concernés et communication avec le public.