Pessimisme n Dans son rapport annuel, l'International Institute for Strategic Studies (Iiss) de Londres a estimé que «la menace du terrorisme islamiste reste plus importante que jamais et semble empirer». Le terrorisme islamiste n'a pas désarmé en 2007, particulièrement en Irak et en Afghanistan, et si aucun attentat d'envergure n'a frappé l'Occident, ce n'est pas faute de tentatives, estiment les experts. L'échec, fin juin, d'attentats aux voitures piégées montés contre un night-club de Londres et l'aéroport de Glasgow par des médecins indiens, jordaniens et irakiens inspirés plus ou moins directement par Al-Qaîda a prouvé que les disciples d'Oussama ben Laden ne désarmaient pas. Al-Qaîda a gagné en «capacité de résistance et d'adaptation. Depuis six ans, les Etats-Unis et leurs alliés luttent pour éradiquer cette menace et il est de plus en plus clair qu'ils n'y ont pas réussi.» Dans un rapport, la communauté américaine du renseignement, qui regroupe les 16 agences du renseignement US, a écrit : «Nous pensons qu'Al-Qaîda a réussi à protéger ou à remplacer ses éléments-clés, dont un sanctuaire dans les zones tribales pakistanaises, ses lieutenants opérationnels et son commandement supérieur.» Jonathan Evans, directeur du MI5, les renseignements intérieurs britanniques, a dressé un tableau très sombre de la situation : «La cause extrémiste dispose d'un flux permanent de nouvelles recrues», qui sont, d'après lui, et c'est le plus inquiétant, de plus en plus jeunes. Les Jihadistes «sont en train de radicaliser, d'endoctriner et d'entraîner des jeunes gens vulnérables pour perpétrer des actes terroristes», a-t-il assuré. «Cette année nous avons vu des individus très jeunes – 15 ou 16 ans – impliqués dans des activités liées au terrorisme.» Le nombre d'individus identifiés au Royaume-Uni comme étant liés au terrorisme islamiste a dépassé 2 000 cette année, contre 1 600 l'an dernier, mais un nombre équivalent de personnes liées au terrorisme et non détectées est envisageable, a-t-il précisé. Pour l'ancien chef, jusqu'en 2004 au sein de la CIA, de «l'unité Ben Laden», Michael Scheuer, le danger représenté par Al-Qaîda est illustré par «le démantèlement de cellules inspirées par ou liées à Al-Qaîda en Espagne, en Italie, en Allemagne et au Danemark». Le but de ces réseaux est notamment, selon lui, de dissuader, en les terrorisant, des pays de prendre une part active à la «guerre globale contre le terrorisme» menée par les Etats-Unis, et en particulier ceux qui participent aux opérations en Irak et en Afghanistan. Dans ce pays, l'année 2007 a battu tous les records en termes de violence, notamment par le nombre impressionnant d'attentats suicide commis jusqu'au cœur de Kaboul. Alors que ce type d'attaque ne faisait pas partie de la culture locale (il n'avait, par exemple, pas été utilisé par les Moudjahidine afghans contre l'armée soviétique), quelque 150 kamikazes se sont fait sauter avec leurs bombes depuis le début de l'année, faisant la plupart des 200 tués parmi les militaires étrangers. Toujours retranché, selon la plupart des experts occidentaux, dans les zones reculées de la frontière pakistano-afghane, Oussama ben Laden a continué à défier l'Amérique et ses alliés.