Les Etats-Unis ont assuré vendredi que Al-Qaïda a été largement défait en Irak et en Arabie saoudite et se trouve globalement sur la défensive, y compris à la frontière afghano-pakistanaise. "L'un dans l'autre, on s'en sort pas mal", a affirmé le directeur de la CIA, Michael Hayden, dans un entretien au Washington Post, tout en soulignant que Al-Qaïda restait une menace sérieuse. Ce constat est un des plus optimistes des responsables américains depuis les attentats du 11-Septembre et reflète un net changement de ton, moins d'un an après des avertissements des services de renseignement américains sur des menaces d'attaques et de complots d'Al-Qaïda contre des pays occidentaux. Un rapport de la CIA assurait en août que Al-Qaïda s'était regroupé à la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan et restait déterminé à attaquer à nouveau les Etats-Unis. "L'administration veut absolument donner une image de réussite, particulièrement à l'approche" de la fin du mandat de George W. Bush à la Maison Blanche, juge Bruce Riedel, longtemps analyste à la CIA avant de faire partie de la Brookings Institution, qualifiant de "voeu pieux" l'analyse du général Hayden. Le président démocrate de la commission du renseignement du Sénat, John Rockefeller, s'est dit "surpris et troublé"."Si l'évaluation d'Al-Qaïda par la communauté du renseignement a changé, je voudrais que la commission en soit immédiatement informée", écrit M. Rockefeller dans une lettre ouverte au patron de la CIA. "Si elle n'a pas changé, je vous demander d'expliquer pourquoi vous dites que le mouvement terroriste est 'sur la défensive dans une grande partie du reste du monde, y compris dans son repaire présumé le long de la frontière pakistano-afghane'". "Je n'ai rien vu, même dans les rapports classés secrets du renseignement, qui ne mène à cette conclusion", ajoute M. Rockefeller. Dans l'entretien, le patron de la CIA a cité comme réussites "la quasi défaite stratégique d'Al-Qaïda en Irak. La quasi défaite stratégique d'Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Des revers significatifs pour Al-Qaïda à l'échelle mondiale - et ici je veux utiliser le mot +idéologiquement+ -, du fait qu'un peu partout dans le monde islamique on repousse leur forme de l'islam". Pour Tom Sanderson, expert en terrorisme au Center for Strategic and International Studies, Michael Hayden pourrait s'appuyer sur des preuves non divulguées. "Néanmoins", dit-il, ces déclarations contrastant avec celles de l'an dernier "ont pris par surprise beaucoup de gens, y compris ceux qui suivent la situation de près". Selon M. Hayden, des progrès ont été réalisés contre Al-Qaïda grâce aux opérations menées depuis janvier par les services de renseignement américains qui utilisent notamment des drones. Parlant des progrès réalisés en Irak, M. Hayden a également accusé l'Iran d'ingérence croissante dans ce pays. "C'est la politique du gouvernement iranien, approuvée au plus haut niveau de ce gouvernement, de faciliter le meurtre d'Américains et d'autres membres des forces de la coalition en Irak. Un point c'est tout", a-t-il dit. Bruce Riedel estime qu'il existe un danger à "glisser sur certains des remarquables points forts d'Al-Qaïda". "Les sanctuaires qu'ils ont développés au Pakistan ces deux ou trois dernières années vont en augmentant, pas en diminuant", estime-t-il, "et c'est la chose la plus importante pour Al-Qaïda". "La plupart des services de renseignement européens considèrent encore Al-Qaïda comme la menace numéro un en Europe occidentale", relève-t-il. Selon lui, les Etats-Unis devraient être particulièrement vigilants durant la période électorale. "C'est un moment ou il faut être dans un état d'alerte maximum en ce qui concerne les activités d'Al-Qaïda, violentes ou non", souligne-t-il.