Le sort de la "guerre contre le terrorisme" lancée par le président Bush après les attentats du 11-Septembre est un enjeu de taille pour les candidats à la présidentielle de 2008, républicains et démocrates rivalisant sur leur capacité à mieux défendre l'Amérique. Les républicains soutiennent la politique de George W. Bush, mettant en garde contre la menace du fondamentalisme musulman, et estimant que le président américain a raison de considérer que l'Irak est au coeur de la lutte contre le terrorisme. Ils vont jusqu'à reprocher aux démocrates de ne pas saisir vraiment l'ampleur des dangers du terrorisme. Les démocrates, qui promettent des représailles à tout nouvel attentat, accusent M. Bush de ne pas savoir s'y prendre dans la manière de lutter contre le terrorisme et estiment que l'invasion de l'Irak a été une diversion catastrophique. La sénatrice Hillary Clinton et ses rivaux, le sénateur Barack Obama et l'ancien sénateur John Edwards, s'opposent sur la réalité de la "guerre contre le terrorisme" et sur la manière de réagir à un éventuel attentat. Mme Clinton, qui rappelle souvent qu'elle représente New York qui a payé un lourd tribut aux attentats du 11 septembre 2001, s'est forgée l'image d'une femme forte sur les questions de sécurité nationale. "Je pense qu'un président doit réagir rapidement tout en restant prudent lors des représailles" si Al-Qaïda devait lancer un nouvel attentat aux Etats-Unis, avait-elle dit en mars. Mme Clinton avait été sévère avec le sénateur Barack Obama qui avait déclaré qu'il serait prêt à utiliser la force militaire contre des cellules d'Al-Qaïda au Pakistan, s'il était élu en 2008. Elle l'avait accusé de risquer de mettre ainsi en difficulté le président pakistanais Pervez Musharraf, allié des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. John Edwards a estimé que la "guerre contre le terrorisme" de M. Bush n'était qu'un slogan sur un "autocollant collé sur les pare-chocs des voitures" et non une "stratégie pour rendre l'Amérique plus sûre". Lors de la campagne présidentielle de 2004, M. Bush avait affirmé que les Américains seraient plus en sécurité avec lui, s'il était réélu, qu'avec son opposant démocrate John Kerry. Mais, maintenant que la guerre en Irak est un désastre et qu'Al-Qaïda semble se renforcer dans les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, la politique internationale semble devenir un élément important dans la campagne présidentielle de novembre 2008. Stephen Flanagan, directeur de l'International Security Program au Center for Strategic and International Studies, estime que les démocrates vont essayer de capitaliser sur l'incertitude qu'éprouvent les électeurs sur les tactiques antiterroristes. "Il y a le sentiment que la stratégie de Bush n'est pas efficace et qu'il y a besoin d'une approche plus nuancée et subtile. Les démocrates sont en train de se creuser la tête avec ça", dit-il. Du côté des candidats républicains, l'ancien maire de New York Rudolph Giuliani capitalise sur son image de "maire de l'Amérique" forgée lors de la tragédie du 11-Septembre. "Cette guerre (contre le terrorisme) n'est pas un autocollant, cette guerre est une vraie guerre", a-t-il dit. L'ancien gouverneur Mitt Romney, homme d'affaires mormon, adopte aussi une ligne très dure, promettant de "doubler (les capacités d'accueil de la prison de) Guantanamo" et jugeant nécessaire une guerre contre "les jihadistes".