Rencontre n «Oralité, vocalité et scripturalité», c'est le thème du colloque international qui se tient depuis hier, lundi, à l'auditorium du complexe culturel du théâtre de verdure. Initié par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques, le colloque, inscrit dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», se veut un moment opportun pour poser et débattre les questions de l'urgence de la sauvegarde du patrimoine culturel populaire et oral», ont relevé les organisateurs. Pour eux : «Relever ces réflexions, c'est aborder en filigrane la question de l'identité.» La tenue de ce colloque est motivée par ce souci de corriger le discours colonialiste véhiculé par l'Occident et porté sur les sociétés arabes, à savoir des sociétés de culture primitive et à tradition orale. «Pour légitimer son action dominatrice sur les sociétés arabes et notamment sur la société algérienne, la colonisation a fait croire à ces dernières, dès lors dominées, que leur société se définit comme une société orale, sans références écrites ni repères documentaires», a souligné Ahmed Benaoum, chercheur. Il s'agit d'un comportement colonial visant manifestement à faire admettre la domination aux sociétés arabes. L'intervenant a ensuite déploré que «cette perception des concepts sur la culture des sociétés arabes a été transmise vers les générations post-indépendance». Aujourd'hui, les sociétés arabes, à l'instar de la société algérienne, ignorent l'histoire de leur propre société. Ainsi, nombre d'aspects de notre culture sont marginalisés. D'où l'urgence d'un travail de recherche et de réflexion en vue de montrer que les sociétés du monde arabe sont des sociétés ayant une longue tradition écrite. Pour sa part, Djad Mustapha, universitaire égyptien, a relevé, dans son intervention, que, dans plusieurs cas, «l'oralité se révèle le prolongement de la scripturalité», que l'oralité trouve sa source dans un texte écrit, et que celui-ci est en perpétuel mouvement. C'est-à-dire qu'il y a un travail de réécriture. Il a expliqué, en outre, que l'oralité n'est tout à fait pas identique au texte original. Car les imaginaires des uns comme les croyances culturelles et les représentations mentales des autres interfèrent dans le discours initial. Cela revient à dire qu'il existe un rapport étroit entre oralité et scripturalité. D'autres intervenants comme Darwiche Jihad, Ghanmi Abderahman, Chouaïb Halfi…, ont relevé l'importance de l'oralité qui est, selon eux, un réservoir de l'authenticité et un repère identitaire. «C'est une richesse, une mémoire», ont-ils relevé, ajoutant : «L'oralité comprend des symboles, des référents, des représentations, des rites, des pratiques et bien d'autres habitudes et éléments venant se manifester à travers divers faits et gestes de la société, c'est-à-dire à travers son comportement et sa vocalité.» De son côté, Ghassan Merouan, conteur syrien, a souligné l'importance et la nécessité de transcrire l'oralité et de l'archiver, contribuant ainsi à la préservation de l'identité et de la mémoire arabes face à la mondialisation.