Femmes et savoir dans le monde arabe contemporain », tel est le thème d'un colloque qui se tient jusqu'à demain à l'auditorium du Théâtre de Verdure d'Alger, à l'initiative du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques. Ce colloque, où participent des chercheurs et des universitaires algériens et étrangers, a pour principal objectif d'analyser les mécanismes et le parcours historiques et sociaux ayant permis à la femme d'occuper un espace important dans les sociétés du monde arabe. Les travaux de ce colloque qui entrent dans le cadre de la manifestation Alger, capitale de la culture arabe, traiteront de 3 problématiques, à savoir « La femme et l'enseignement dans le monde arabe », « La femme et la recherche scientifique dans le monde arabe » et « La femme et la création artistique dans le monde arabe ». Dans un discours inaugural, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a rappelé à l'assistance, que durant les années 1950, sur les centaines d'étudiantes européennes, les étudiantes algériennes n'étaient que 3. En 1962, 900 étudiants algériens, sur une population de dix millions, étaient sur les bancs des universités algériennes. La moudjahida et la brillante avocate Zhor Drif est le témoin vivant de la guerre de libération nationale. Elle était, à cette époque-là, étudiante en droit. La colonisation, a-t-elle indiqué, est une opération hostile à toute connaissance. « Le colonialisme est loin d'être un moyen pour apporter la civilisation. Il s'agit d'une opération inverse qui vise à effacer la culture et la civilisation des populations. » La ministre déléguée, chargée de la Recherche scientifique, Mme Souad Bendjaballah, a mis en relief la situation des femmes par rapport au travail et leur représentation. Elle a ainsi indiqué que la population des femmes travailleuses a considérablement augmenté. En témoignent les pourcentages suivants : 93% des filles sont scolarisées, 50% des femmes représentent le corps enseignant, 58% ont intégré le secteur de la santé et 53% la Défense nationale. Elle a appelé les femmes à s'impliquer davantage aux niveaux décisionnels et institutionnels. Elle a ajouté que cette rencontre n'est qu'un nouveau maillon d'une chaîne pour approfondir la mémoire collective. Dans l'après-midi, une série de brillantes communications a été donnée par des chercheurs universitaires. Ainsi, le chercheur Nacer Aït Mouloud a, dans sa communication « La femme kabyle et la symbolique du statut de la femme », évoqué les modalités de la production de la symbolique vestimentaire qui statue sur la position de la femme et ce, à travers les différentes étapes initiatiques de sa vie. Il a indiqué que la femme est un agent de décision des relations sociales à entretenir des liens de parenté, à créer et des positions sociales à gérer. « La femme est l'agent de production et de reproduction de sa propre situation sociale », argumente-t-il. Pour sa part, l'universitaire Hayet Guenfissi a, dans sa communication intitulée « Le savoir-faire féminin à travers la communication non verbale », relevé que la société algérienne est qualifiée comme une société sans écriture, sans histoire inscrite, en l'absence de la participation de chercheurs pour éclairer les zones d'ombre sur ce point qui est souvent négligé. « La plupart des recherches anthropologiques, dit-elle, se focalisent sur l'apparence des choses sans toucher le côté invisible et abstrait de la vie au sein de notre société kabyle connue pour son caractère conservateur. Ce sont les femmes qui détiennent la clé de voûte grâce aux pratiques rituelles et symboliques qu'on rencontre dans la vie quotidienne et occasionnelle et que l'on peut interpréter dans le tatouage, le décor de la poterie et du tissage. »