Cinéma n Une projection presse du film Cartouches Gauloises a eu lieu, avant-hier mardi, à la salle El-Mougar. Écrit et réalisé par Mehdi Charef, le film raconte l'histoire d'une amitié entre Ali et Nico et d'autres amis français d'Algérie. Le film s'ouvre sur le dernier été français – c'est d'ailleurs le titre du film en arabe. Les derniers jours de la présence française en Algérie sont ainsi comptés. Ce n'est qu'une question de temps. Alors que des pieds-noirs commencent à quitter l'Algérie, d'autres, convaincus que l'Algérie demeurera toujours française, s'accrochent désespérément à un espoir qui, plus tard, s'avérera vain. Ali voit ses amis français, chrétiens et juifs, partir, un par un, laissant un vide dans sa vie, mais cette vacance amicale est vite comblée par l'approche de l'Indépendance et, du coup, par le retour de son père, monté au maquis. Cartouches Gauloises est, d'abord, l'histoire d'une amitié entre Ali et Nico et d'autres amis français (Gino et David) : alors que les adultes, français et algériens, se font la guerre, les jeunes enfants, transcendant les différences ethniques et sociales ainsi que les divergences culturelles et religieuses, arrivent à vivre en paix et, donc, en harmonie. En surmontant les interférences politiques, ils arrivent à cohabiter dans une existence faite : leur passion est le football. Ils aiment aussi se retrouver ensemble dans une cabane qu'ils ont construite collectivement sous un pont, au bord d'une rivière. Ils sont tout le temps ensemble, ils jouent, rient et partagent les mêmes passions, des moments de pur bonheur et d'entente, alors que les deux parties, française et algérienne, s'engagent dans des hostilités meurtrières, s'opposant à tout partage et rapprochement, donc à faire preuve de concession. Le film se veut à travers Ali et ses amis une leçon d'amitié et d'amour, un enseignement sur une possible cohabitation et un partage certain entre français d'Algérie et algériens musulmans. Cartouches Gauloises est aussi l'histoire de Ali qui, seul, et au fil de ses pérégrinations quotidiennes, assiste, çà et là, dans la rue, dans les cafés, dans un lupanar ou dans le marché, à des scènes de violence, de tendresse, d'amabilité qui le marqueront à jamais. Fort de caractère, il ne se laisse jamais accablé par les événements, il ne les laisse d'aucune manière affecter son amitié pour Nico et les autres. Toujours joyeux et serein, il arrive, d'une façon comme d'une autre, à se relever, à gérer les situations. C'est un garçon de bon sens et de sentiments neutres. Il continue à être bon et serviable envers ceux ou celles qui se montrent honnêtes avec lui et font preuve de respect à son égard. Force est de constater cependant dans le regard du jeune Ali une prise de position – intentionnelle ou involontaire ? – en faveur des pieds-noirs : ils sont présentés comme des victimes de la Guerre de libération nationale, chassés, contraints à quitter l'Algérie, une terre natale pour la plupart. «Plutôt être tuée par les Arabes que de partir», dit une pied-noire en larmes. On peut alors lire dans le regard de Ali de l'affection et de l'attachement envers les pieds-noirs, un sentiment mêlé toutefois de compassion.